Chouette d'Or : « C’était un véritable défi », déclare Ardaches Papazian, le créateur de la statue
2024-11-05
Auteur: Emma
« Ma belle chouette »… Avec ses yeux bleus pétillants, Ardaches Papazian admire l'objet qu'on vient de lui donner. Cela fait trente et un ans qu'il n'avait pas pris en main « sa » chouette d'or. « J'ai perdu l'habitude », admet-il, un sourire en coin en posant la statue sur son socle. Récemment, les fondateurs du jeu se sont rendus à Lyon pour lui demander de redonner à l'oiseau « son éclat d’antan », avant de le remettre définitivement au vainqueur de l'énigme.
Bien que la chasse au trésor et sa résolution récente aient beaucoup fait parler d'elles, le joaillier est resté dans l'ombre. Pourtant, c'est lui qui a créé cet objet tant désiré. « C’était un défi de taille », résume-t-il alors qu'il nous reçoit dans son petit atelier, près de la place des Terreaux. « Au départ, je pensais à une médaille. Je n'aurais jamais imaginé qu'elle serait de cette ampleur », rigole-t-il, étendant les bras en guise de démonstration.
L'influence de Pierre Bellemare
Comment ce bijoutier d'origine libanaise s'est-il retrouvé associé à la plus grande chasse au trésor de France ? Grâce à « Pierre Bellemare », répond-il avec son éternel sourire. « C’est lui qui a dit aux créateurs du jeu : "appelez Papazian à Lyon".
En regardant dans le passé, en 1993, Michel Becker, l'un des cofondateurs de la Chouette d'or, cherchait de toute urgence un artisan pour donner vie à son projet. L'expérience avec un fondeur parisien s'est soldée par un échec. Il était donc crucial de trouver la perle rare. Papazian, qui avait fui son Beyrouth natal dans les années 1970, avait déjà gagné une solide réputation dans le domaine. Le métier, il l'a appris sur le tas à l'âge de 14 ans. « En deux ans, j'en maîtrisais tous les aspects », affirme-t-il. Il a fondé sa société à 16 ans, employant déjà des salariés.
À 18 ans, tout s'écroule. Les bombes détruisent son atelier. Il décide alors de s'installer à Lyon, où il voit sa créativité fleurir. Dix ans plus tard, il ouvre sa propre boutique. Pierre Bellemare le repère et fait régulièrement appel à lui pour ses émissions télévisées. « Voilà comment le lien s’est fait », résume le bijoutier. « J'avais préparé une petite chouette en cire. Quand Michel Becker est venu avec ses plans, j’en restais bouche bée.
Une mission complexe et audacieuse
La mission qui l'attend est délicate. « S'il n'y avait eu que de l'argent ou de l'or à fondre, cela aurait posé moins de problèmes. Mais il fallait travailler avec les deux. C'était un vrai défi. L'argent fond à 600 °C, l'or à 800 °C », se souvient Ardaches Papazian. De plus, il n'était pas encore équipé d'un four pour faire fondre le métal, mais il était déterminé à réussir.
Pour cela, il collabore avec un fondeur et enchaîne les longues journées de travail, « entre 16 et 18 heures par jour pour respecter le délai ». Les soudures lui ont particulièrement posé des difficultés. « Il faisait une chaleur insupportable dans l'atelier. Les salariés étaient en sueur. C'était dingue !»
Finalement, il a inventé un moyen astucieux : « J'ai fabriqué un fil de deux mètres pour souder sans avoir à m'approcher trop près. » Pour polir la statue et réaliser le plumage de l'oiseau, il a encore fait preuve d'ingéniosité. « J'ai déniché un petit outil qui m'a permis de réaliser exactement ce que je voulais tout en gagnant du temps. Aujourd’hui, on a des machines 3D ! À l'époque, tout se faisait à la main.
La Chouette d'Or est devenue une légende en France, attirant aventureux et rêveurs. Le bijoutier, qui a consacré une partie de sa vie à créer cet objet emblématique, a transformé un défi personnel en un symbole de quête et d'exploration. La créativité et la ténacité d'Ardaches Papazian continuent à inspirer ceux qui s'attaquent à leurs propres défis, peu importe leur taille.