Technologie

"Il est impératif de former les enseignants à l'IA !"

2024-11-15

Auteur: Philippe

« 90 % des élèves de seconde ont déjà utilisé l’IA générative pour les aider avec leurs devoirs », indique le rapport sénatorial consacré à l'IA et à l'éducation. Cette question cruciale a été l'un des thèmes de la conférence très attendue au salon Educatech de Paris. Les intervenants soulignent la nécessité d'une formation appropriée à la culture informatique et à l'esprit critique pour faire face à cette « révolution rapide de l'IA ».

L'IA générative, un outil d'apprentissage ou un danger ?

Jean Cattan, secrétaire général au conseil national du numérique, a ouvert la session en expliquant comment l'IA générative va transformer nos interactions sociales et notre rapport à la connaissance. Lors de cette conférence, il a également présenté le « Café IA », une initiative ministérielle qui favorise les échanges pour mieux appréhender l'IA.

Jean-François Lucas, directeur du think tank Renaissance numérique, a révélé que ChatGPT avait atteint 100 millions d'utilisateurs actifs en janvier 2024, un chiffre qui a doublé en septembre, avec 3 milliards d'utilisateurs ayant essayé cet outil. Cependant, une étude montre qu'après 10 jours d'utilisation, les gens commencent à moins utiliser ChatGPT, et après 40 jours, leur intérêt décroît.

Une urgence pour la formation des enseignants

Axel Jean, responsable de l'innovation numérique à la DNE (Direction du numérique pour l'éducation), insiste sur le fait que l'IA impacte tous les aspects de la société. « Les enfants sont confrontés à l'IA dans leurs messageries, leurs jeux et sur les réseaux sociaux. Il est impératif de former nos enseignants pour qu'ils puissent guider les élèves face à cette réalité », affirme-t-il. Il y a une course urgente pour mettre en place des formations adaptées, et bien que des MOOC soient disponibles, l'absence de visibilité de ces initiatives au salon Educatech 2024 soulève des interrogations.

Le rôle vital de l’éducation parentale

Axel Jean souligne aussi que l’éducation à l’IA ne peut pas reposer uniquement sur le cercle familial. Il déclare : « Les parents se sentent souvent dépassés par l’évolution technologique, et il est de la responsabilité des enseignants d’assurer cette formation. Il faut travailler sur le minimum nécessaire pour ne pas surcharger leur emploi du temps, mais il est essentiel d’y arriver. »

Margarida Romero, maîtresse de conférence aux Universités Côte d’Azur et Laval, ajoute que pour développer une véritable pensée critique, il est primordial d'intégrer les compétences numériques de manière plus significative dans le recrutement des enseignants.

Les précautions concernant l'IA générative

Axel Jean avertit également que les élèves ne devraient pas être exposés à l’IA générative avant 13 ans sans supervision. « Il est crucial de clarifier les interactions entre élèves et machines », dit-il. Une compréhension de la pensée logique et algorithmique doit être développée, surtout au collège.

Jean Cattan prévient de l'importance de valoriser les productions personnelles des élèves face aux réponses générées par l'IA, insistant sur l'importance de l'estime de soi dans le processus d'apprentissage.

Une conclusion sans réponse

Le débat sur l’IA dans l’éducation est loin d’être clos. À l’issue de la conférence, des inquiétudes ont été soulevées concernant les inégalités face à cette technologie. Un enseignant d’université a fait remarquer que les élèves performants bénéficient encore plus de l'IA, tandis que les moins bons sont laissés pour compte. Que faire alors ? Ce dilemme reste sans solution alors que nous nous engageons dans une ère numérique où la technologie prend de plus en plus de place dans l'éducation.