Science

Protoxyde d'azote : "Un gaz toxique, dangereux à forte dose, avec des conséquences sur les nerfs, l’équilibre et la marche"

2025-01-18

Auteur: Philippe

La consommation de protoxyde d’azote, souvent appelé "gaz hilarant", a connu une forte augmentation durant le premier confinement. Initialement utilisé dans un cadre hospitalier pour ses propriétés anesthésiques et antalgiques, ce produit a été détourné de son usage médical, en particulier par les jeunes. Selon le rapport 2025 de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, 2,3 % des jeunes de 17 ans ont essayé le protoxyde d’azote.

Cette tendance soulève de nombreuses inquiétudes, car au-delà des risques immédiats comme les étourdissements, les chutes, et les convulsions, des impacts neurologiques sérieux peuvent survenir. Le Dr Vincent Fabry, neurologue au CHU de Toulouse, met en lumière ces dangers.

"Voyez-vous de nombreux patients pour des intoxications au protoxyde d’azote ?"

"Nous avons observé une diminution des cas d’intoxication par rapport à 2019-2020, où nous traitions un patient sévère par mois. Aujourd’hui, nous recevrons principalement des patients jeunes présentant des symptômes neurologiques tels que des fourmillements ou des difficultés de marche. Il s’agit généralement de personnes âgées entre 15 et 25 ans, qui inhalent du protoxyde d’azote à partir de bombonnes."

"Il désactive l’action de la vitamine B12"

Le protoxyde d’azote est particulièrement néfaste à forte dose. Ce gaz bloque l’action de la vitamine B12, essentielle au renouvellement cellulaire, et à la production de myéline, qui protège les fibres nerveuses. Les effets sur la santé peuvent se traduire par des atteintes nerveuses et des complications hématologiques comme l'anémie, la thrombose ou même des AVC.

Chez les jeunes utilisateurs, les neuropathies sont fréquentes, et peuvent se manifester par des fourmillements dans les jambes, des pertes d’équilibre, et des troubles moteurs, dont la réversibilité n'est pas toujours garantie. Des cas de troubles cognitifs ont également été signalés, où des patients se retrouvaient complètement désorientés.

"La première chose à faire est d’arrêter"

Concernant le traitement, la mesure la plus cruciale est l’arrêt de la consommation de protoxyde d’azote. Des compléments en vitamine B12 peuvent être proposés à forte dose, toutefois, il est important de noter que cela ne compense pas les effets nocifs du gaz sur le métabolisme de la vitamine. Il est primordial de sensibiliser les jeunes sur les dangers de cette substance, qui ne doit pas être prise à la légère.

Des campagnes de prévention émergent actuellement pour mettre en garde sur les effets dévastateurs du protoxyde d’azote. Les enjeux de santé publique incitent à agir rapidement avant qu'il ne soit trop tard.