Les dernières prévisions de la Mutualité française annoncent une série de hausses significatives qui toucheront environ 20 millions de Français, soit 41 mutuelles. Bien que ces chiffres ne représentent pas l'ensemble du marché de la complémentaire santé, ils donnent un aperçu préoccupant de l'évolution à venir.

Les contrats individuels, en particulier ceux souscrits par les retraités, devraient enregistrer une augmentation moyenne de 5,3 %. Les contrats collectifs obligatoires, ce qui inclut ceux cotisés par les salariés à travers leur employeur, pourraient augmenter de 7,3 % en moyenne. Quant aux contrats collectifs facultatifs, la Mutualité anticipe une hausse de 6,8 %.

Cette vague de hausses, estimée à environ 6 %, succède à une année 2024 déjà marquée par une augmentation record de 8,1 %. En comparaison, les augmentations des années précédentes étaient plus modérées : 4,7 % en 2023 et 3,4 % en 2022, alors que la moyenne des dix dernières années s'élevait à seulement 2,6 %.

Eric Chenut, président de la Mutualité, a déclaré : « Nous comprenons l'inquiétude des assurés, mais ces augmentations sont absolument nécessaires pour garantir la pérennité de notre système de protection. » Il explique que les hausses sont principalement dues à l'escalade des dépenses de santé en France, qui a crû de 5,2 % en 2023.

Un autre facteur aggravant est la participation croissante des complémentaires santé dans le financement de certaines dépenses, notamment les soins dentaires, où leur prise en charge est passée de 30 % à 40 % depuis 2023. Cela soulève des questions sur la durabilité de la couverture santé en France, surtout avec l'augmentation continue des frais de santé qui progressent deux à trois fois plus vite que la croissance économique.

Les acteurs du secteur, dont le gouvernement, sont appelés à discuter d'une gestion plus efficace des dépenses. En outre, la Mutualité a publié les chiffres malgré l'incertitude quant aux dépenses de santé prises en charge par les complémentaires en 2025, suite au manque de budget de la Sécurité sociale.

Dans le projet de budget du gouvernement de Michel Barnier, il était prévu que les complémentaires santé augmentent leur contribution aux remboursements médicaux pour alléger le fardeau de l'Assurance maladie, avec des économies envisagées d'environ un milliard d'euros. Cependant, si cette augmentation ne se concrétise pas, des « ajustements » à la baisse pour les cotisations pourraient être nécessaires, sans toutefois que les détails ne soient encore définis.

La nouvelle donne tarifaire va inévitablement alimenter les critiques à l'encontre des complémentaires santé, souvent accusées d'agir pour accroître leurs marges. Un récent rapport sénatorial avait envisagé que les augmentations tendancielles des dépenses de santé devaient raisonnablement être limitées entre 4,5 % et 6,5 %, et non atteindre 8,1 %.

Par ailleurs, les chiffres publiés par la Drees révèlent qu'en 2023, les complémentaires santé ont enregistré une légère « perte technique », pour la première fois depuis 2011, avec des dépenses excédant de 0,4 % les cotisations perçues. Alors qu'eux-mêmes font face à des défis croissants, les bénéfices nets des complémentaires santé se sont établis à 3,4 % des cotisations en 2023, contre 3,5 % en 2024.

Avec ces hausses de tarif imminentes, il est maintenant plus que jamais crucial pour les Français de réévaluer leur couverture santé et de se préparer à naviguer dans un paysage sanitaire en constante évolution.