ENQUÊTE. Prison des Baumettes à Marseille : révélations inquiétantes après l'assassinat d'un détenu en cellule
2025-01-13
Auteur: Sophie
Le 9 octobre 2024, un meurtre tragique secoue la prison des Baumettes à Marseille : Robin Cotta, un jeune homme de 22 ans, est retrouvé sans vie dans la cellule 504, après avoir été violemment attaqué par un codétenu. Ce dernier, armé d'un tesson de porcelaine, lui a porté de multiples coups avant de l'égorger, dans un acte qui soulève des questions cruciales sur la sécurité au sein de cet établissement pénitentiaire surpeuplé.
Initialement, l'administration pénitentiaire a qualifié cette violence de "simple incident" entre détenus impliqués dans des affaires de stupéfiants. Toutefois, cette version est contredite par le parquet de Marseille, qui s'inquiète de l'influence croissante des gangs locaux, dont la réputée DZ Mafia, au sein de cette prison.
Trois mois après ces événements, la cellule investigation de Radio France révèle des éléments troublants de l'enquête menée par les autorités compétentes. Les témoignages de surveillants, les déclarations d'autres détenus et des enregistrements vidéo montrent que Robin avait précédemment demandé à changer de cellule, craignant pour sa sécurité. L'administration avait visiblement ignoré plusieurs de ses appels à l’aide, pourtant cruciaux.
Le parcours de Robin commence le 21 septembre 2024 lorsqu’il est arrêté pour possession de fausses ordonnances de sirop codéiné, utilisé pour fabriquer un cocktail euphorisant connu sous le nom de purple drank. Incarcéré aux Baumettes, il ne semblait pas être un délinquant endurci, son casier judiciaire étant vierge et son incarcération apparemment provisoire. Dans une lettre envoyée à son père quelques jours avant sa mort, Robin rassure sa famille : "Je suis un grand garçon. Je vais assumer comme un homme."
Cependant, la dynamique change le 4 octobre lorsqu’il se trouve en cellule avec A.M., un codétenu violent aux antécédents criminels. Les témoignages d’autres détenus révèlent qu’A.M. avait déjà menacé ses camarades, laissant présager un environnement dangereux pour Robin. En dépit de ses demandes répétées pour être transféré, les demandes de Robin sont rejetées par le personnel pénitentiaire, qui évoque un manque d'effectifs et d'espace.
Le jour de son décès, alentour de 17h04, un surveillant remarque des signes de détresse de la part de Robin, mais il ne répond pas à ses appels. À 18h22, lors du service des repas, la situation devient critique : Robin, anxieux, refuse de retourner dans sa cellule avec A.M. et exprime son souhait d’être mis à l’isolement. Malheureusement, son appel à l'aide ne sera pas entendu, et une heure plus tard, son corps sera découvert sans vie.
Les réactions de la direction pénitentiaire sont inquiétantes. Alors qu’une enquête interne est ouverte, les responsables se retranchent derrière des protocoles pour éviter de répondre aux questions gênantes. Ils confirment seulement que le personnel, éprouvé par cette tragédie, a reçu des offres de soutien psychologique.
La mère de Robin, Odile Cotta, exprime son désespoir : "Mon fils n'était pas un criminel. Je pensais qu'il serait en sécurité. C'est un manque d'humanité qui lui a coûté la vie." Elle se dit prête à engager la responsabilité de l'administration pénitentiaire, clamant que les conditions de détention actuelles mettent la vie des détenus en péril.
Ce drame remet sur le devant de la scène la question inquiétante de la surpopulation carcérale, un problème épineux en France, notamment à Marseille. À l'heure de la mort de Robin, le quartier des arrivants abritait près de 120 détenus pour seulement 62 places, un chiffre alarmant signalant le non-respect des normes de sécurité et de gestion carcérale. Cette tragédie souligne l'urgence d'une réforme du système pénitentiaire, afin de garantir la sécurité des détenus et de prévenir de tels drames à l'avenir.