Ces cellules "papier bulle" qui révolutionnent la flexibilité du cartilage
2025-01-13
Auteur: Philippe
En 1857, le zoologiste allemand Franz von Leydig observait de grandes cellules remplies de lipides dans le cartilage de l’oreille du rat. Ce n’est que récemment que des chercheurs de l’université de Californie à Irvine, dirigés par Maksim Plikus, ont confirmé l’existence de ce nouveau type de cellules. Ces cellules, appelées lipocartilage, sont présentes chez les mammifères mais absentes chez les oiseaux, les reptiles et les amphibiens. Leur étude détaillée a été publiée dans la revue Science, suscitant un grand intérêt dans la communauté scientifique.
À la différence des chondrocytes, qui sont les cellules classiques du cartilage et qui ne contiennent pas de lipides, les cellules de lipocartilage sont dotées de larges réserves de graisses visibles au microscope, leur donnant une apparence de "perles iridescentes", comme le décrit Plikus.
Souplesse et absorption des chocs
Les chercheurs se sont penchés sur les fonctions de ces cellules singulières. Ils ont observé qu'elles n'ont pas de lien direct avec le métabolisme, puisque l'alimentation n'a pas d'impact sur la taille de leurs réserves. En d'autres termes, même en cas de régime pauvre en lipides, les réserves de graisse des cellules ne diminuent pas, tout comme elles ne s’augmentent pas avec un régime riche.
Les découvertes révèlent que les cellules de lipocartilage jouent un rôle clé dans la réduction de la rigidité du cartilage. Elles agissent comme du papier bulle, amortissant les chocs grâce à leurs grandes poches remplies de graisse. La flexibilité accrue qu'elles apportent est essentielle pour le bon fonctionnement des articulations, permettant de mieux absorber les impacts dans des activités quotidiennes comme la marche ou le sport.
Le biophysicien Paul Janmey, de l’université de Pennsylvanie à Philadelphie, souligne l'importance de ces cellules dans le contexte biologique. En effet, tandis que la rigidité d’un tissu est normalement contrôlée par son environnement cellulaire, les lipocartilages remettent en question cette idée en mettant en avant la possibilité que la composition interne d'une cellule puisse influencer directement la flexibilité des tissus. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapies pour traiter des affections articulaires et cartilagineuses, ainsi qu'à des innovations biomédicales, soulignant le potentiel fascinant de la recherche en biologie cellulaire.