Affaires

Deux ONG portent plainte contre Carrefour pour "manquement à son devoir de vigilance" dans la filière du thon

2025-03-17

Auteur: Philippe

Le duel judiciaire continue de faire rage. Les ONG Bloom et Foodwatch, qui mettent en lumière depuis plusieurs mois les "atteintes environnementales et humaines liées à l'industrie du thon en conserve", ont annoncé le 17 mars qu'elles intentent une action en justice contre Carrefour. "Après deux ans de discussions sans résultat, (...) nous assignons la multinationale devant le tribunal judiciaire de Paris pour manquement à son devoir de vigilance vis-à-vis de sa filière thonière", ont-elles déclaré dans un communiqué.

"Ces manquements sont inacceptables. Carrefour doit agir et nous nous tournons vers la justice pour les y contraindre."

Bloom et Foodwatch

Cette action judiciaire intervient alors que Bloom dévoile un rapport intitulé "Carrefour : le cynisme", où l'ONG souligne un "écart flagrant entre les engagements affichés par Carrefour et la réalité de ses pratiques en matière de thon". L'entreprise ne prohibe pas les méthodes de pêche destructrices dans ses approvisionnements et n'a pas mis en place de limite maximale de mercure qui protégerait la santé des consommateurs, affirment Bloom et Foodwatch. En octobre 2024, ces deux organisations avaient déjà signalé une contamination généralisée du thon au mercure, mettant ainsi en danger la santé publique. De plus, elles soulignent que Carrefour semble incapable de prouver que ses conserves sont exemptes de violations des droits humains.

Dans une déclaration envoyée à l'AFP, Carrefour "conteste fermement ces allégations" et rappelle ses engagements en matière de pêche durable, affirmant avoir "coupé tout approvisionnement en thon albacore pêché dans l'océan Indien". Carrefour estime également que Bloom cherche, sans le dire explicitement, à ce que l'enseigne cesse complètement de vendre du thon dans ses rayons.

Les préoccupations des consommateurs

Les consommateurs sont de plus en plus inquiets sur les pratiques des grandes enseignes. En raison de ces événements, les discussions sur la traçabilité et la durabilité des produits de la mer prennent une ampleur considérable. Les ONG soulignent que la responsabilité des entreprises ne s'arrête pas à leurs murs, mais s'étend à l'ensemble de leur chaîne de valeur, incitant les clients à choisir des entreprises véritablement engagées dans des pratiques éthiques et durables. Cette annonce pourrait-elle marquer un tournant dans le secteur de la distribution alimentaire?