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États-Unis : une image du bombardier d'Hiroshima « Enola Gay » effacée des archives du Département de la Défense à cause du mot « gay »

2025-03-07

Auteur: Louis

Introduction

La grande purge au sein du Département américain de la Défense prend des tournures absurdes. En janvier 2023, le président Donald Trump, par décret, a décrété la fin des programmes fédéraux appelés « DEI » (pour « diversité, équité et inclusion »). Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a ordonné à l’armée de retirer tout contenu promouvant la diversité de ses ressources numériques d'ici le 5 mars.

Le cas de l'Enola Gay

Une des premières victimes de cette purge a été le bombardier « Enola Gay », le B-29 qui a été utilisé pour bombarder Hiroshima le 6 août 1945. Le choix de ce nom ne se rapporte en rien à la diversité, l'équité ou l'inclusion. En fait, le bombardier a été nommé d'après la mère du pilote, Paul Tibbets.

Pourtant, selon l'agence Associated Press (AP), sa photo a été retirée des archives du Département de la Défense simplement parce que son nom comporte le mot « gay ». D'autres images, notamment celles du Corps des ingénieurs de l'armée américaine, ont subi le même sort à cause du nom de famille d'un membre, « Gay ».

L'ampleur de la purge

Au total, plus de 26 000 images ont été signalées pour suppression dans les archives, sur les réseaux sociaux et autres plateformes liées au Département de la Défense. Un responsable militaire a déclaré à AP que cette purge pourrait s'étendre à 100 000 publications. En plus de cette incohérence avec le terme « gay », la majorité des images visées concernent des femmes ou des minorités aux carrières remarquables.

Des photos des Tuskegee Airmen, premiers pilotes militaires noirs des États-Unis qui ont servi dans une unité ségréguée pendant la Seconde Guerre mondiale, ont également été incluses dans cette liste d'effacement, malgré leurs éloges militaires pour leurs performances en combat.

Les cibles principales de la purge

Les minorités sont particulièrement ciblées. Une photo commémorative d'un « pionnier de l'ingénierie », un Afro-américain, a été retirée, tout comme celle de Harold Gonsalves, un Marine latino tué lors de la bataille d'Okinawa, qui avait reçu la médaille d'honneur pour son bravoure.

Les femmes sont également au cœur de cette élimination, avec une page entière dédiée à un équipage féminin qui a été effacée du site de l'aviation américaine.

De nombreuses photos de femmes qui ont servi durant la Seconde Guerre mondiale, telles que Jeannie Leavitt, la première femme pilote de chasse, et Christina Fuentes Montenegro, l'une des premières femmes à obtenir un diplôme du bataillon d'entraînement d'infanterie des Marines, ont été supprimées.

Le « DEI », la bête noire de l'administration Trump

Depuis sa nomination, Pete Hegseth a désigné le programme « DEI » comme son principal ennemi. Ce programme, lancé dans les années 1960 pour rectifier les injustices d'une société encore marquée par la ségrégation, a vu son champ d'application s'élargir aux minorités de sexe, de genre et ethniques.

Le concept de « DEI » a gagné du terrain, particulièrement dans les entreprises et les institutions d'enseignement, accentué par les événements des dernières années, comme la mort de George Floyd.

Dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump a résolu de faire disparaître toute trace de ce programme dans les administrations du pays.

Conséquences et débats

Le porte-parole du Pentagone, John Ullyot, s'est réjoui de la rapidité avec laquelle le Département de la Défense a obtempéré à la directive visant à supprimer les contenus relatifs au DEI de toutes les plateformes. Cette purge pose cependant un débat crucial sur la place de la diversité et de la mémoire dans les institutions publiques américaines.

Le public et les défenseurs de ces valeurs dénoncent une tentative de réécrire l'histoire et d'effacer les contributions significatives de groupes souvent sous-représentés dans les récits officiels.