Courses hippiques annulées en France : une situation inédite qui soulève l'indignation
2024-11-07
Auteur: Pierre
ECONOMIE - Une absence loin d'être banale secoue le monde des courses. Exceptionnellement, la filière hippique annonce l'annulation de toutes les courses prévues ce jeudi 7 novembre, en soutien à une grève et une manifestation de professionnels du secteur à Paris. Les acteurs de cette industrie s'opposent fermement à un projet d'augmentation de la fiscalité sur les paris, malgré les assurances du ministre du Budget, Laurent Saint-Martin. Initialement, environ 25 courses devaient se tenir dans trois hippodromes, désormais fermés, suscitant une perte évaluée à 3 millions d'euros. Les passionnés de Paris Mutuel Urbain (PMU) ne pourront donc pas tenter leur chance. Les précédentes annulations de courses sur le sol français remontent aux deux guerres mondiales et plus récemment, à la pandémie de Covid-19.
La fiscalité au cœur des débats
La filière a été alarmée la semaine dernière par un amendement gouvernemental proposé dans le budget de la sécurité sociale, qui envisageait d’augmenter la fiscalité sur les jeux et paris, y compris ceux liés aux courses. Le ministre Saint-Martin a affirmé qu’il « ne désirait pas » cette taxation, mais l’amendement prévoyait une hausse incertaine de la taxe de 6,9 % à 7,5 % sur les produits bruts des paris hippiques effectués dans des structures physiques, et de 6,9 % à 15 % pour les paris en ligne. La filière a évalué cette mesure à 35 millions d'euros par an. « Nous avons besoin des acteurs de la filière pour la protéger », a ajouté le ministre, tandis que Geraldine Bannier, députée de Mayenne, a défendu que « l'écosystème actuel est vertueux », avec 75 % des enjeux reversés aux joueurs et 16 % destinés au financement de la filière. La veille de la manifestation de jeudi, des inquiétudes demeurent quant à la possibilité d'une nouvelle pression fiscale. Les organisations professionnelles, dont France Galop et la Société du Trotteur Français, continuent d'appeler à la vigilance face à d'éventuelles évolutions de la législation.
Une mobilisation massive attendue
Les défenseurs des courses comptent rassembler près de 5000 manifestants cet après-midi à Paris, partant de la place Denfert-Rochereau jusqu'à la place Vauban derrière les Invalides. Les éleveurs, entraîneurs, jockeys et autres acteurs de ce secteur d'activité unissent leur voix pour alerter sur les dangers liés à cette nouvelle taxation qui menacerait l'existence même de nombreux emplois. Thibault Lamare, entraîneur de trotteurs et porte-parole de la filière, a déclaré : « Si cette taxe est mise en œuvre, la majorité d'entre nous risque de perdre un mois de salaire dès janvier. » Bien que les manifestants ne se déplaceront pas à cheval pour des raisons de sécurité, quelques chevaux seront présents, y compris ceux du célèbre cascadeur équestre italien Mario Luraschi. Il est important de noter que la France abrite 233 hippodromes et organise environ 18 000 courses annuellement, ce qui représente 40 000 emplois directs ainsi que 12 000 bénévoles. Avec un budget public de 835 millions d'euros par an, la filière joue un rôle crucial dans l'économie locale et nationale, tout en soutenant l'élevage et l'entraînement des chevaux de course. La mobilisation actuelle vise à protéger un secteur vital pour l'économie française.