Science

Zoonoses : Comment se préparer aux pandémies ?

2025-01-21

Auteur: Marie

En 2016, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) avait déjà mis en lumière que les zoonoses, ces maladies transmissibles entre animaux et humains, se développent en réponse à des perturbations environnementales. Une étude marquante révélait une augmentation alarmante du réservoir viral sur notre planète, entraînant en moyenne une nouvelle maladie infectieuse tous les quatre mois chez l’homme. Selon Kate Jones, professeur d'écologie à l'University College de Londres, 82 % des émergences virales chez l'homme sont directement liées à des facteurs tels que les changements d'écosystèmes qui seraient responsables de presque un quart des épidémies.

En avril 2020, une étude publiée dans la Revue Proceeding Royal Society a analysé les données de 142 zoonoses virales, révélant que les rongeurs, des primates et des chauves-souris représentaient 75,8 % des principaux hôtes des virus transmis à l'homme. Toutefois, la moitié des animaux domestiques, notamment ceux élevés dans des conditions industrielles, sont aussi porteurs de ces virus potentiellement dangereux.

Les origines du terme zoonose remontent au médecin allemand Rudolph Virchow, qui a introduit ce concept en 1856. Il a observé les liens entre certaines maladies parasitaires chez les animaux et chez les humains, comme la trichinellose. Ainsi, les zoonoses étaient à l'origine considérées principalement sous l'angle des risques alimentaires.

La découverte du virus Ebola dans les années 1970 a permis une prise de conscience plus large concernant les zoonoses, qui continuent de proliférer principalement en raison des activités humaines : la déforestation, l’élevage industriel et le changement climatique rapprochent les espèces, augmentant ainsi les risques de transmission de nouveaux pathogènes. Les scientifiques avertissent : à chaque interaction accrue entre humains et animaux, de nouveaux virus peuvent émerger, pour lesquels nous n'avons pas d'immunité.

La crise de la Covid-19 a servi de rappel brutal des dangers que posent ces maladies. Bien que la communauté scientifique ait anticipé de tels risques depuis l'épidémie de SARS en 2003, le parcours de cette pandémie a révélé des chaînes de transmission complexes et imprévues, redéfinissant notre rapport au monde animal.

D'autres exemples emblématiques comme la maladie de la vache folle en 1996 et le virus Ebola en 1976 ont marqué les consciences. La vache folle, causée par un prion, a soulevé d'importantes questions sur la sécurité de l'élevage industriel, tandis qu'Ebola, avec sa létalité extrême, a fait craindre une pandémie mondiale.

Pourtant, face à ces menaces, la préparation de notre société face aux risques de futures pandémies reste insuffisante. Frédéric Keck, anthropologue et directeur de recherche au CNRS, insiste sur le fait qu'il est essentiel d'adapter nos comportements, notamment alimentaires, afin de réduire ces risques. "Pour être mieux préparés, il est crucial que chacun adopte une conscience écologique et repense ses habitudes", conclut-il. En somme, la vigilance collective s'impose comme indispensable pour minimiser l'impact des zoonoses sur notre santé globale.