«Une forme de miracle» : Éric Lombard, nouveau ministre de l’Économie et survivant du 11 septembre
2024-12-24
Auteur: Emma
« C’est un épisode très personnel », a confié Éric Lombard, récemment nommé ministre de l’Économie dans le gouvernement de François Bayrou, lors d’une interview sur Radio Classique en mai 2023. Ce dernier, ancien directeur général de la Caisse des Dépôts, a partagé une anecdote émotionnelle qui a marqué sa vie : la matinée tragique du 11 septembre 2001, où il aurait dû se trouver dans l’une des tours jumelles. Un imprévu a retardé son rendez-vous, lui permettant d’assister, pétrifié, à l’effondrement des tours depuis un autre bâtiment, conscient qu’il aurait pu être une victime de cette tragédie.
La veille, Éric Lombard se trouvait au 95e étage de la tour sud, finalisant le rachat de la banque d’affaires américaine Keefe Bruyette par BNP Paribas, où il travaillait dans les fusions et acquisitions. « Nous devions finaliser le lendemain, j'attendais l'accord de la direction générale à Paris », se remémore-t-il, évoquant la réunion planifiée à 8h30 le jour fatidique.
Au matin du 11 septembre, entre 7h et 7h30, il se retrouve avec ses équipes au siège de BNP Paribas à Manhattan, face à un panorama impressionnant sur les deux tours. Alors qu'il encourage son équipe à aller de l'avant, la banque lui conseille de patienter.
C'est à ce moment-là qu'un coup du sort se produit : le président de la banque l’appelle pour décaler le rendez-vous à 9h, car il doit d’abord conduire son fils à l’école. Lombard, impatient, décide d'attendre dans une salle de réunion, regardant par la fenêtre un ciel d’un bleu éclatant. Malheureusement, la belle journée vire au cauchemar lorsqu'il aperçoit un départ de feu dans une tour. « Nous avons ensuite vu l’autre avion s’encastrer dans la deuxième tour », raconte-t-il, le souvenir aussi vif qu’hallucinant.
La suite des événements est marquée par la terreur. « La tour sud s’est effondrée en premier. C'était comme si le sol m'aspirait », se souvient-il, émotionnellement touché par la perte de personnes qu'il avait rencontrées la veille. La panique s'empare de lui, et il se met à la recherche de son directeur général, dont la destination initiale a été modifiée à la dernière minute.
Malgré l’effondrement, Éric Lombard se souvient d'une semaine éprouvante durant laquelle il a aidé à gérer les flux financiers d'une partie des États-Unis, alors que Wall Street restait inaccessible. L'aéroport était également fermé, et il a dû louer une voiture pour rejoindre Toronto afin de trouver un vol pour la France.
Le plus difficile a été d'évaluer les pertes humaines. « Nous avons perdu un tiers des équipes de Keefe Bruyette. Deux jours plus tard, nous avons dû reprendre le travail et les avons accueillis dans nos bureaux. C’est à ce moment-là, lorsqu’ils sont sortis des ascenseurs, que nous avons découvert qui avait survécu », a-t-il expliqué, le regard chargé de tristesse. Cette expérience tragique a profondément marqué Éric Lombard, qui, malgré les horreurs qu'il a vécues, incarne aujourd'hui un nouveau départ en tant que ministre.