Divertissement

Toutes pour une : une parodie qui manque de piquant

2025-01-21

Auteur: Emma

Une relecture féminine des *Trois Mousquetaires*

Le dernier film "Toutes pour une" ne manque pas de faire parler de lui, surtout avec son concept intrigant : une relecture féminine des célèbres *Trois Mousquetaires*. Cependant, à y regarder de plus près, ce projet soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses.

Critiques et accusations de wokisme

D'emblée, les critiques sont venues s'insurger contre ce qu'ils perçoivent comme une approche trop marquée par le féminisme, allant jusqu'à qualifier le film de produit d’un "wokisme" démesuré. Ce regard souvent conservateur ne parvient pas à voir au-delà de cette étiquette, se voilant ainsi la face sur la qualité cinématographique de l'œuvre. Mais peut-on vraiment faire abstraction de la misogynie latente qui transpire derrière des discussions de mise en scène et de dialogue ?

Le besoin de perspectives féminines dans le cinéma

Il est indéniable que le cinéma a besoin de perspectives féminines. Néanmoins, le défi pour la réalisatrice Houda Benyamina semble être de camoufler une certaine vacuité cinématographique derrière une posture politique. Son précédent film, *Divines*, avait réussi à capter l'attention avec son récit puissant sur la banlieue, mais dans ce nouvel opus, elle semble réciter les mêmes schémas tout en évitant de véritablement traiter les questions de pouvoir et de domination.

Une bande de mousquetaires travesties

Dans "Toutes pour une", nous voyageons au XVIIe siècle, où Sara (interprétée par Oulaya Amamra, déjà révélée dans *Divines*) rejoint une bande de mousquetaires, découvrir que leurs véritables identités cachent des femmes travesties. Le film met en scène un contexte historique riche, avec Louis XIII et les Morisques, mais ne réussit qu'à effleurer ces enjeux, se perdant dans une comédie gutter qui ne fait que reproduire des stéréotypes.

Des dialogues lourds et mal écrits

La tentative de prendre la parole sur des thèmes importants est rapidement balayée par des dialogues lourds et mal écrits. Les héroïnes, armées de faux attributs masculins et d'épées, semblent plus préoccupées par l'imitation des symboles de la virilité que par une réelle exploration de leur oppression. Cette inversion des rôles, qui aurait pu être un fertile terrain de jeu pour un discours émancipateur, se transforme en une caricature de misogynie.

Un humour à la platitude agonisante

Un point qui souffre particulièrement dans le film, c'est son humour. Bien qu'une parodie d'Alexandre Dumas puisse fonctionner avec le bon ton, ici, elle se torpille elle-même avec une agonisante platitude. La performance de certains acteurs, comme Déborah Lukumuena, apporte un brin de vie, mais ne peut compenser le malaise que suscite la pauvreté des dialogues.

Choix stylistiques et impression générale

Les choix stylistiques de Benyamina, oscillant entre le hip-hop et des inspirations de western spaghetti, semblent tout autant déphasés. Malheureusement, le film ne parvient jamais à capturer l'essence d'une véritable exploration des interactions de cape et d'épée. Au lieu de cela, il donne l'impression d'un téléfilm de basse qualité, où même les rares séquences d'action ou les moments lyriques semblent hâtivement exécutés.

Conclusion : une tentative audacieuse mais ratée

Ainsi, "Toutes pour une" se présente comme une tentative audacieuse mais finalement ratée de revisiter un classique. Il laisse le spectateur dans l'attente d'un film qui ne réussit jamais à atteindre son potentiel, se perdant dans la banalité là où il aurait dû capter la grandeur. Au final, la question reste : y a-t-il assez de substance derrière le programme politique affiché pour justifier le titre du film ? L'avenir de cette relecture féminine du cinéma semble encore incertain.