Strasbourg : Des avocats s'insurgent contre la convocation par le préfet de parents de délinquants
2025-01-10
Auteur: Emma
À l’approche du Nouvel An, le préfet du Bas-Rhin, Jacques Witkowski, a convoqué les parents de mineurs impliqués dans des violences urbaines, provoquant une vaste polémique en France.
Le Syndicat des Avocats de France (SAF) critique cette intervention, la qualifiant d’ingérence inacceptable dans le système judiciaire. Selon eux, cela constitue une atteinte à la présomption d’innocence, un principe fondamental du droit français.
Des questions préoccupantes se posent quant à la manière dont le préfet a pu accéder à des informations sensibles concernant l'identité, la nationalité des mineurs, ainsi que les accusations dont ils font l'objet. Ces renseignements, protégés par le secret de l’enquête, ne devraient en aucun cas être divulgués en dehors des procédures judiciaires. Le SAF souligne que la démarche du préfet a manifestement bafoué le principe de présomption d’innocence.
Aucune concertation n’a eu lieu avec le parquet de Strasbourg avant ces convocations, soulevant des inquiétudes quant au respect des procédures légales en vigueur. Interrogée à ce sujet, la préfecture n’a pas immédiatement répondu aux attentes de clarification.
Le SAF considère cette initiative comme une "ingérence du préfet" dans les prérogatives du parquet et du juge des enfants, soulignant la confusion croissante entre les rôles exécutif et judiciaire. "La séparation des pouvoirs est un pilier de l'État de droit", avertit le syndicat, qui fustige une approche préjudiciable rendant présumés coupables les mineurs avant qu'un jugement ne soit prononcé.
Une caractéristique troublante de ces convocations est la mention d'une potentielle révision du droit de séjour pour les parents étrangers, tandis que les parents français sont invités à solliciter les services sociaux pour confrontations éventuellement décrites comme des "défaillances éducatives".
Le SAF dénonce cette disparité de traitement comme une tentative manifeste de stigmatisation des familles étrangères, qualifiant cela de "chantage administratif". Ceci contrevient à tout principe légal, car aucun texte ne permet de lier le droit de séjour d'un parent au comportement de leur enfant.
Au-delà des enjeux juridiques, le SAF s'inquiète aussi de l'impact de cette situation sur l'opinion publique, évoquant des discours populistes et potentiellement racistes. Cette stratégie est jugée dangereuse, non seulement pour la cohésion sociale, mais aussi pour les valeurs fondatrices de la justice en France.
La situation à Strasbourg soulève des débats cruciaux et met en lumière la nécessité d’une vigilance continue face aux atteintes aux droits, en particulier dans un contexte aussi sensible que celui de la jeunesse délinquante.