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Sabotage en Baltique : le pétrolier arraisonné par la Finlande, un navire espion ?

2024-12-28

Auteur: Julie

Le 26 décembre, le pétrolier Eagle S, sous pavillon des îles Cook, a été arraisonné par la garde côtière finlandaise après avoir été soupçonné d'avoir intentionnellement endommagé l'interconnecteur Estlink 2, qui relie la Finlande à l'Estonie, en laissant son ancre traînant. Ce navire fait l'objet d'une enquête pour « sabotage aggravé ».

Propriété de Caravella LLCFZ, une firme établie aux Émirats arabes unis, et exploité par la compagnie indienne Peninsular Maritim, l'Eagle S pourrait également faire partie d'une « flotte fantôme » utilisée par la Russie pour exporter des hydrocarbures malgré les sanctions internationales en vigueur.

Initialement, ce pétrolier avait appareillé de Saint-Pétersbourg avec destination Port-Saïd en Égypte. Actuellement, il est immobilisé dans les eaux territoriales finlandaises, au large de Porkkalaniemi, sous la surveillance du patrouilleur Turva.

Le mois dernier, un autre bateau, le cargo chinois Yi Peng 3, aurait également été impliqué dans la dégradation de deux câbles sous-marins de communications en mer Baltique, mais les enquêteurs suédois n'ont pas pu effectuer de perquisition à bord. Cependant, la police finlandaise a réussi à interroger l'équipage de l'Eagle S, récoltant ainsi des « preuves » selon Robin Lardot, le directeur du Bureau national d'enquête finlandais.

Les publications de la revue Lloyd’s List s'intéressent à l'Eagle S depuis plusieurs mois. En juin, une source anonyme avait révélé l'existence de documents confidentiels indiquant que le pétrolier souffrait de problèmes graves pouvant nuire à l'environnement et mettant en péril la sécurité de son équipage. De nouvelles informations obtenues par Lloyd’s List indiqueraient que l'Eagle S aurait été équipé de « dispositifs de transmission et de réception », lui conférant une apparence de « navire espion » pour le compte de la Russie.

Ces équipements de haute technologie semblent anormaux pour un navire marchand, en raison de leur consommation énergétique excessive par rapport à ce que son générateur peut fournir, provoquant ainsi des pannes de courant récurrentes. Parmi ces équipements, des dispositifs d'écoute et d'enregistrement ainsi que des ordinateurs portables dotés de claviers en russe et en turc auraient été découverts. Selon les sources, ces appareils auraient été utilisés pour enregistrer toutes les fréquences radio et ont été envoyés en Russie pour analyse dès leur arrivée.

Il est également mentionné que des capteurs auraient été largués par l'Eagle S dans la Manche, ajoutant une dimension inquiétante aux activités de ce navire. Cependant, il semble qu'il soit parti de Saint-Pétersbourg sans son matériel d'espionnage, alors que d'autres navires de la flotte fantôme, comme le Switsea Rider, arborant le pavillon du Honduras, sont suspectés d'avoir des équipements d'écoute installés à bord.

La Finlande n'a pas encore commenté les allégations concernant le pétrolier et les enquêtes sont en cours. Pour faciliter les investigations, l'Eagle S doit être remorqué vers le port de Kilpilahti le 28 décembre, et la communauté internationale est en émoi face à ces révélations qui pourraient avoir des implications géopolitiques majeures.