Poutine reçoit le Premier ministre slovaque lors d'une rare visite d'un dirigeant européen à Moscou
2024-12-22
Auteur: Philippe
Le président russe Vladimir Poutine a rencontré dimanche au Kremlin le Premier ministre slovaque, Robert Fico, lors d'une visite inédite d'un dirigeant européen à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
Cette « visite de travail » a été marquée par une discussion en tête-à-tête, comme l'a précisé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à l'agence russe RIA. Les deux leaders ont principalement échangé sur la « situation internationale » et les livraisons de gaz naturel russe.
Il est à noter que malgré les tensions générales en Europe, le gaz naturel russe continue d'être acheminé vers plusieurs pays du continent, dont la Slovaquie, grâce à un accord quinquennal établi avant le début des hostilités, qui expirera à la fin de cette année. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a récemment informé les dirigeants de l'UE qu'il n'envisageait pas de renouveler cet accord, une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences pour la Slovaquie, selon les déclarations de M. Fico.
Au cours des dernières semaines, la Slovaquie a pris des mesures pour diversifier ses sources d'approvisionnement en gaz. En effet, elle a signé un contrat à court terme pour acheter du gaz naturel à l'Azerbaïdjan, se préparant à un éventuel arrêt des livraisons russes provenants d'Ukraine. De plus, au début de l'année, le pays a établi un accord pour importer du gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis via la Pologne. Ces initiatives visent à réduire la dépendance de la Slovaquie vis-à-vis du gaz russe, en utilisant aussi les réseaux autrichiens, hongrois et tchèques, ce qui lui permet d'accéder à des fournisseurs européens supplémentaires, notamment l'Allemagne.
D'un point de vue politique, Robert Fico est connu pour son approche sceptique à l'égard du soutien international à l'Ukraine. À peine installé à la tête d'un nouveau gouvernement de coalition incluant l'extrême droite prorusse, il a annoncé un arrêt immédiat de l'aide militaire slovaque à Ukraine.
Fico a également été l'un des rares politiciens européens à apparaître sur les chaînes de télévision publiques russes après l'invasion. Au cours d'une interview sur Rossiya-1, il a soutenu que l'Occident avait « prolongé la guerre » en soutenant l'Ukraine, affirmant que les sanctions contre la Russie étaient inefficaces, et a exprimé sa volonté de négocier avec Poutine. De plus, il a confirmé sa participation à un défilé militaire à Moscou en mai prochain, célébrant le 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie, un événement que le Kremlin utilise pour renforcer son image sur la scène internationale en célébrant les succès militaires.
Il est important de souligner que depuis le début des hostilités en Ukraine, les visites et les appels des dirigeants européens à Poutine sont devenus de plus en plus rares. La visite précédente d'un dirigeant européen en Russie a été celle du Premier ministre hongrois Viktor Orban, en juillet, qui a été largement critiquée à Bruxelles et à Kyiv pour ses implications dans les relations russo-européennes. Orban est souvent décrit comme ayant les relations les plus proches avec Poutine parmi les dirigeants de l'UE, ayant régulièrement bloqué ou atténué les efforts de l'UE pour soutenir l'Ukraine et imposer des sanctions à Moscou.
Alors que la situation en Ukraine continue d'évoluer, les décisions de dirigeants comme Fico pourraient influencer non seulement la politique intérieure de la Slovaquie, mais aussi la dynamique des relations entre l'UE et la Russie. Que ces choix profiteront à la paix ou à la stabilité reste à voir.