La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE 3), dirigée par François Bayrou, est au cœur d'une tempête politique. Dans une lettre ouverte publiée le 13 mars 2025, plus de 160 sénateurs expriment leur vive opposition à un projet qu'ils jugent à la fois irréaliste et menaçant pour l’économie française. Cette feuille de route, censée définir la stratégie énergétique du pays pour la période 2025-2035, est critiquée pour son manque de clarté et ses objectifs jugés excessifs et inaccessibles.

Des Objectifs Ambitieux... Mais en Réalité ?

La PPE 3 envisage une réduction drastique de la part des énergies fossiles dans la consommation énergétique française, qui devrait passer de 58 % actuellement à seulement 42 % d'ici 2030, et à 30 % en 2035. En même temps, la part de l’électricité est censée grimper de 27 % aujourd'hui à 34 % en 2030, puis à 39 % en 2035. Quant aux énergies renouvelables hors électricité (comme la biomasse et la géothermie), elles doivent passer de 15 % à 30 % d'ici 2035.

Les sénateurs s'inquiètent de l'absence de stratégie concrète pour atteindre ces objectifs. Ils soulignent l'imprécision des coûts liés à cette transition énergétique, et reprochent au gouvernement de n'avoir pas présenté d'études d'impact détaillant les conséquences économiques potentielles de la PPE 3. Ils redoutent que cette politique entraîne une hausse des coûts pour les consommateurs et les entreprises, aggravant ainsi la crise énergétique qui touche actuellement le pays.

Un Décret pour Ignorer le Débat Parlementaire ?

L’insatisfaction des sénateurs s’intensifie face à la méthode adoptée par l’exécutif, qui a prévu de faire adopter la PPE 3 par décret, contournant ainsi le débat parlementaire. Cette approche est perçue comme un affront au pouvoir législatif, surtout quand les recommandations des sénateurs, votées en octobre 2024, ont été écartées sans explication. Cette décision a déclenché des appels à la mobilisation et à la résistance au sein des institutions.

Solaire ou Nucléaire : Le Dilemme Énergétique

La volonté du gouvernement de parier sur une expansion massive de l'énergie solaire fait également polémique. Les sénateurs considèrent cette stratégie comme risquée, car elle repose sur des conditions climatiques très variables qui peuvent compromettre la stabilité du réseau électrique. Ils craignent en outre que le nucléaire, pilier de la production énergétique nationale, ne soit relégué à l’arrière-plan, malgré son rôle crucial dans la sécurisation de l'approvisionnement énergétique.

Des experts du Haut Commissariat à l’énergie atomique et du Haut Conseil pour le Climat mettent en garde contre ces choix, arguant que la PPE 3 sous-estime les investissements nécessaires pour moderniser les infrastructures nucléaires et renforcer les capacités de production. En pleine crise climatique et de ressources, la France est-elle en train de sacrifier l'avenir énergétique de ses citoyens sur l'autel d'une transition mal pensée ? La réponse pourrait influencer des millions de vies dans les années à venir.