Technologie

Piratage : Les Victimes Collatérales Inattendues du Blocage Automatisé

2024-12-13

Auteur: Sophie

Introduction

Le Piracy Shield est un système de blocage automatisé instauré par l'Autorité pour les Garanties dans les Communications (AGCOM), l'équivalent italien de l'ARCOM en France. Son objectif principal est de bloquer rapidement les sites Internet qui diffusent illégalement des événements sportifs en direct. Ce dispositif, financé par la Serie A, le championnat de football italien, est censé permettre de supprimer un flux pirate dans un délai de 30 minutes après son signalement.

Complexité du système

Cependant, la réalité du fonctionnement du Piracy Shield est bien plus complexe et problématique que prévu. Le système repose sur la collaboration des fournisseurs d'accès à Internet, des serveurs DNS publics et des services VPN pour bloquer les adresses IP et les noms de domaine signalés. Si cette approche est efficace contre certains sites de piratage, elle entraîne des risques notables, notamment parce que de nombreuses adresses IP sont partagées par des milliers de sites Web légitimes, rendant le ciblage précis extrêmement délicat.

Modifications législatives

Récemment, des modifications législatives en Italie ont élargi le champ d'action de ce système en permettant le blocage d'adresses IP même lorsque l'activité illégale n'est pas « unique » mais simplement « répandue ». Cela soulève de sérieuses préoccupations quant aux conséquences d'un tel contrôle.

Un incident majeur

Un des incidents les plus marquants s'est produit lors du week-end du 19 octobre 2024, lorsque le Piracy Shield a bloqué une adresse IP de Cloudflare (188.114.97.7), utilisée par pas moins de 42 243 794 noms de domaine. Cette action a rendu accessibles des milliers de sites légitimes, y compris ceux d'écoles, d'associations caritatives et même d'un opérateur télécom. Le domaine crucial drive.usercontent.google.com, essentiel pour Google Drive, a également été affecté, faisant chuter l'accès à de nombreux documents importants pour les utilisateurs.

Erreurs de blocage répétées

Ces erreurs de blocage ne sont pas des cas isolés. Depuis son lancement en février 2024, le Piracy Shield a été à l'origine de plusieurs incidents similaires, bien que leur ampleur soit moindre. Les critiques à l'encontre de ce système se multiplient, avec de nombreux experts qui mettent en question sa capacité à gérer la complexité des réseaux modernes sans causer de dommages collatéraux. Marco d'Itri, spécialiste du Web, a déclaré sur son compte X.com : « Il n’existe pas de forme de censure magique qui filtrerait uniquement les parties de football : ceux qui construisent aujourd’hui un instrument assument la responsabilité morale de son utilisation future. »

Demandes de responsabilité

Le site d'informations italien Digital Day, lui aussi récemment bloqué, exige des explications, et peut-être des excuses, de la part de la Serie A et de l'AGCOM, estimant que l'incident résultait inévitablement d'un tel système. Il est crucial d'évaluer les conséquences de ces actions sur la liberté d'accès à l'information et de veiller à ce que des mesures équilibrées soient mises en place afin de protéger à la fois les droits d'auteur et les droits des utilisateurs.