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"On ne fermera pas une usine à Douai juste pour en ouvrir une au Texas : quelles retombées des droits de douane de Trump pour la France ?"

2025-03-27

Auteur: Marie

Dans un contexte de guerre commerciale, Donald Trump a mis en œuvre des droits de douane de 25 % sur les voitures non produites aux États-Unis. Quelles seront les implications pour l'économie et l'emploi en France ?

Les Français doivent-ils s'inquiéter ? Avec l'annonce de Trump concernant de nouveaux droits de douane, les constructeurs européens exportant vers les États-Unis pourraient en ressentir les effets, créant ainsi des répercussions sur le marché de l'emploi en Europe. Toutefois, selon l'économiste Flavien Neuvy, la France devrait être moins impactée que certains de ses voisins européens.

"Cette année, la France n'a produit que 1,3 million de voitures, un chiffre très bas, et seule une infime partie est exportée vers les États-Unis," indique Neuvy. Il ajoute : "Nous ne fabriquons même pas assez de voitures pour notre propre marché, alors il semble peu probable que nous fermions une usine à Douai pour en ouvrir une au Texas."

Cependant, les équipementiers automobiles pourraient faire face à des défis plus importants, car les pièces fabriquées à l'étranger seraient également soumises à des taxes. Antoine Bouët, directeur du Cepii, souligne : "Ils fournissent en grande partie les constructeurs américains, ce qui les rend vulnérables à cette situation."

La Fédération des équipementiers automobile (Fiev) a exprimé des préoccupations quant aux effets directs sur les équipementiers français, en particulier ceux qui fournissent les grands groupes allemands. Valeo, un acteur majeur du secteur, a déjà averti qu'il ne pourrait pas absorber l'augmentation des droits de douane et devra donc augmenter ses prix.

"Un impact douloureux"

Si les effets sur l'emploi en France pourraient rester limités, l'impact serait bien plus sévère au niveau européen, notamment en Allemagne. Selon le cabinet Kearney, "la hausse des tarifs douaniers américains pourrait avoir des conséquences néfastes pour l'industrie automobile européenne".

Dans une analyse, le cabinet a estimé que des tarifs pouvant atteindre 20 % pourraient réduire les ventes de véhicules européens de 60.000 unités sur le sol américain, menaçant ainsi jusqu'à 25.000 emplois dans ce secteur critique.

Parallèlement, le secteur des vins et spiritueux français pourrait également être durement touché. Si les droits de douane atteignaient 200 %, cela nuirait gravement à l'industrie viticole française, qui compte pour une part significative des exportations. En 2024, les États-Unis représentaient 24,5 % des exportations françaises en valeur, soit 3,81 milliards d'euros.

Nicolas Ozanam, directeur de la FEVS, a averti que de tels droits de douane pourraient tuer le marché, car cela entraînerait une augmentation de près de trois fois le prix d'une bouteille.

La France moins exposée que d'autres pays

En cas de droits de douane de 25 % sur tous les produits européens, la France ne serait cependant pas parmi les plus touchées, selon la Banque de France. Les exportations françaises vers les États-Unis ne représentent que 1,6 % du PIB, soit environ 40 % de moins que celles de l'ensemble de l'UE qui sont à 2,8 %. En comparaison, l'Allemagne et l'Italie sont beaucoup plus vulnérables avec des exportations respectives de 3,8 % et 3,1 % de leur PIB.

Enfin, il convient de noter que l'économie française est largement axée sur les services plutôt que sur la production de biens, ce qui pourrait lui offrir une certaine résilience face à cette crise. Toutefois, des secteurs tels que le luxe, la chimie, la pharmacie et l'automobile pourraient faire face à des défis importants en raison de l'instabilité provoquée par les droits de douane. Reste à voir comment cette situation évoluera et quelles adaptations seront nécessaires pour naviguer dans cette complexité économique.