Un Événement Historique en Nouvelle-Calédonie

Cette semaine, un événement historique a eu lieu en Nouvelle-Calédonie, où les chefs kanaks ont proclamé unilatéralement leur souveraineté sur leurs terres coutumières. Cette annonce a suscité des craintes parmi les non-indépendantistes, dans le contexte d'une crise sociale et institutionnelle profonde dans l'archipel.

L'Assemblé des Grands Chefs

Lee Conseil des grands chefs de Nouvelle-Calédonie, connu sous le nom de « Inaat ne Kanaky », a tenu son assemblée du lundi au mercredi 25 septembre sur l'île de Maré. Cet événement, considéré comme la cérémonie la plus significative de cette institution coutumière récemment créée en septembre 2022, a rassemblé près de 200 participants, dont 17 grands chefs et de nombreux dignitaires kanaks ainsi que des représentants d'autres peuples du Pacifique, tels que les Fidjiens et les Maoris.

La Proclamation de Souveraineté

La proclamation de souveraineté a été faite par 28 chefferies, et le choix de la date n'était pas anodin : le 24 septembre, jour de la « fête de la citoyenneté », coïncide avec l'anniversaire de l'annexion de la Nouvelle-Calédonie par la France en 1853, un symbole fort pour le peuple kanak.

Besoins et Inquiétudes

Le but de cette proclamation est de demander des ressources spécifiques pour mettre en œuvre des politiques publiques sur les terres kanakes. Cependant, elle n'est pas unanimement acceptée parmi les autorités kanakes. Les inquiétudes des non-indépendantistes concernent une possible déclaration d'indépendance qui pourrait conduire à l'expulsion des non-Kanaks. Hippolyte Htamumu Sinewami, le président du Conseil, a cherché à apaiser ces tensions en affirmant : « Il n'est pas question de parler d'exclusion. Nous avons un destin commun. »

Le Nouveau Départ du Peuple Kanak

Albert Wahoulo, ancien maire de Bélep, a souligné qu'il s'agissait d'un nouveau départ pour le peuple kanak, un départ qui nécessite cependant une réorganisation des chefferies, souvent fragilisées par la colonisation.

Les Défis du Sénat Coutumier

Cette initiative répond aussi aux défis rencontrés par le Sénat coutumier, qui, selon certains grands chefs, fonctionne plus comme un outil des partis politiques que comme un véritable représentant des autorités traditionnelles. Il est crucial de savoir comment garantir l'autonomie des chefferies et financer des projets qui soutiendront l’économie locale et aideront la jeunesse kanake, qui se sent souvent marginalisée.

Un Message à l'État

« C'est un message fort adressé à l'État », insiste Sinewami, rappelant qu'une demande de compensation liée à la dette coloniale a été faite en 2023, mais est restée sans réponse. Si l’État continue à ignorer leurs demandes, le Conseil prévoit de développer des relations directes avec d'autres nations de la région.

Gestion des Ressources Traditionnelles

Un enjeu important de cette proclamation est la gestion des ressources traditionnelles, notamment le précieux nickel, une des principales richesses de l'archipel. Sinewami déplore la situation actuelle où les clans, historiques détenteurs des terres, sont souvent relégués à la pauvreté, n'obtenant que des miettes des bénéfices générés par l'exploitation de leur patrimoine. Ce cri de désespoir met en lumière le besoin urgent d'un développement durable qui profite réellement aux populations locales, jusqu'à présent marginalisées.