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Reportage : "Cette Haine Alimentée par un Seul Homme" - Springfield Transformée par les Propos de Donald Trump

2024-09-18

Depuis décembre 2020, Viles Dorsainvil a quitté Port-au-Prince, fuyant l'insécurité grandissante. Après une tentative infructueuse en Floride, il a trouvé refuge à Springfield, une ville du Midwest où la majorité de la population est blanche, mais avec environ 15 000 immigrants haïtiens. Dorsainvil travaille comme interprète dans les usines locales et dirige un centre d'aide pour la communauté haïtienne.

Tout a changé après le débat présidentiel entre Donald Trump et Kamala Harris, où Trump a fait des déclarations choquantes, accusant les immigrants de "manger les chats et les chiens des habitants". Ces mots ont eu un impact immédiat et dévastateur sur la communauté haïtienne.

"Les conséquences sont inimaginables", déclare Dorsainvil. "Des voitures appartenant à des Haïtiens ont été vandaliser, des menaces de bombes ont été proférées et de nombreux événements ont été annulés. Les écoles de la ville ont dû fermer leurs portes. Voici la réalité de Springfield aujourd'hui."

Carl Ruby, pasteur respecté et résident de la ville depuis 40 ans, souligne l'importance des immigrants : "Les usines de la ville dépendent des travailleurs haïtiens. Ils consomment, dépensent de l'argent ici, et pourtant, on assiste à une montée de la haine due à un seul homme. Je souhaite que Trump reconsidère ses propos, présente ses excuses, et nous pourrions voir cela se terminer demain."

De son côté, Bill Monaghan, un retraité de 62 ans qui a passé la majeure partie de sa vie à Springfield, ressent également la tension. Bien qu'il profite d'une augmentation des loyers grâce à la demande accrue – passant de 450 à 700 dollars par mois pour ses deux appartements – il est conscient des difficultés qu'endure la classe ouvrière. "C'est formidable pour moi en tant que propriétaire, mais cela n'aidera pas les travailleurs pauvres et la classe moyenne de cette ville."

Le maire et le gouverneur, tous deux républicains, s'élèvent contre les rumeurs dévastatrices de Trump, appelant à l'unité et à la compréhension dans une ville qui devrait célébrer sa diversité. La situation soulève alors une question cruciale : jusqu'où peuvent aller les mots d’un homme pour diviser une communauté?