Londres : la ville devenue laboratoire de la reconnaissance faciale
2025-01-12
Auteur: Chloé
À Londres, la reconnaissance faciale est devenue omniprésente, et un panneau à l'entrée d'un magasin Sports Direct à Stoke Newington en témoigne clairement : « Reconnaissance faciale en cours. Pour protéger nos employés, nos clients, nos biens. » Ce phénomène n’est pas anodin dans une ville qui détient le triste record d’avoir la densité de caméras de surveillance la plus élevée au monde, après la Chine. En effet, Londres compte 97 caméras pour 1 000 habitants, contre seulement 2,1 à Paris, révélant un écart frappant dans l’utilisation de cette technologie.
Selon Daragh Murray, expert en nouvelles technologies et droits humains à l’Université Queen Mary de Londres, cette technologie, autrefois limitée aux forces de police, a connu une « expansion spectaculaire » dans le secteur privé au cours des deux dernières années. Les supermarchés, les clubs nocturnes et même des espaces publics l'emploient désormais, reflet d'une société qui privilégie la sécurité au détriment de la vie privée.
La société Facewatch, fondée par Simon Gordon en 2010 après une série de vols dans son bar à vin, est devenue le principal fournisseur de solutions de reconnaissance faciale à Londres. Depuis la mise sur le marché de sa technologie en 2019, plus de 70 exploitants, incluant des géants comme Frasers Group – qui possède des chaînes telles que Sports Direct et Flannels – ont adopté cette méthode de surveillance.
Mais cette adoption croissante soulève des questions brûlantes sur la vie privée et la surveillance. Les citoyens londoniens commencent à s'interroger : jusqu'où ira cette utilisation de la surveillance dans leur quotidien ? L’impact sur la liberté individuelle est déjà ressenti par certains, et les débats se multiplient sur les réseaux sociaux. La réponse du gouvernement britannique et des autorités locales sera-t-elle suffisante pour apaiser ces inquiétudes croissantes ? D'autre part, alors que certains saluent ces mesures comme nécessaires à la sécurité publique, d'autres attirent l'attention sur le risque d'un scénario dystopique, où chaque mouvement pourrait être enregistré et analysé. Le débat est loin d'être clos.