Nation

Les plus grands narcotrafiquants de France bientôt enfermés en Normandie ?

2025-01-13

Auteur: Jean

Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, a récemment exprimé sa volonté d'isoler "les cent plus gros narcotrafiquants du pays dans une prison de haute sécurité". Bien qu'il n'ait pas dévoilé l'établissement ciblé, le centre pénitentiaire d'Alençon-Condé-sur-Sarthe se distingue comme une option adéquate, compte tenu de ses normes de sécurité élevées.

"Il est crucial que lorsque l'on est narcotrafiquant et incarcéré, la vie en prison ne soit pas agréable", a déclaré Darmanin. Ce dernier, fraîchement nommé après avoir officié quatre ans au ministère de l'Intérieur, cherche à endiguer la hausse inquiétante de la délinquance liée au trafic de drogue en France. En effet, la violence et le pouvoir des cartels de drogues ont considérablement augmenté ces dernières années, incitant le gouvernement à réagir de manière plus proactive.

Une guerre contre le trafic de drogue en France

Lors d'une interview sur LCI, Gérald Darmanin a affirmé qu'il était impératif de "révolutionner la lutte contre le trafic de stupéfiants". Parmi ses projets se trouve la création d'une superprison dédiée aux membres des cartels opérant sur le territoire français.

Il a précisé : "Nous allons prendre une prison française, la vider de ses détenus actuels, et y placer les cent plus gros narcotrafiquants. Cet établissement sera entièrement isolé et sécurisé, avec des agents pénitentiaires spécialement formés et anonymisés".

Gérald Darmanin a déjà identifié deux prisons potentielles : Alençon-Condé-sur-Sarthe et Vendin-le-Vieil, réputées pour leur sécurité renforcée. Emmanuel Guimaraes, délégué national de FO-Justice, souligne qu'elles sont conçues pour limiter les rassemblements de détenus, ce qui pourrait garantir une gestion sécurisée de ces criminels dangereux.

Des risques à peser

Des experts du grand banditisme, comme le journaliste d'investigation Frédéric Ploquin, mettent toutefois en garde contre cette approche. Il a noté que regrouper ces criminels dans une même prison pourrait engendrer des luttes de pouvoir internes ou, pire, permettre la formation d'un nouveau cartel au sein même du système pénitentiaire.

Cependant, Guimaraes fait valoir que les aménagements spécifiques de ces établissements réduiraient les risques de troubles. Il souligne que la séparation des unités d'hébergement est suffisamment stricte pour empêcher la formation de groupes draconiciens.

La nécessité de réformes substantielles

Pour Gérald Darmanin, la gestion des établissements pénitentiaires doit changer profondément. "Actuellement, isoler quelques trafiquants parmi des groupes mixtes ne fonctionne pas", a-t-il déclaré. Des changements structurels sont donc nécessaires pour mieux gérer les détenus impliqués dans le trafic de drogue.

Kévin Gripon, délégué de Force ouvrière au centre pénitentiaire d'Alençon-Condé, se montre favorable à cette initiative, mais insiste sur la nécessité de ressources adéquates. "Cette classification des établissements est un combat de longue date, mais pour réussir, nous avons besoin de moyens humains et matériels", a-t-il affirmé.

Un avenir incertain

Emmanuel Guimaraes a renforcé cette idée, appelant à une augmentation des budgets alloués à la sécurité, y compris des équipements modernes. Les récents événements tragiques, comme des agressions et des prises d'otages dans les prisons, soulignent l'urgence d'une réforme.

Une question demeure : où seraient transférés les détenus déjà incarcérés dans ces établissements si les narcotrafiquants y étaient transférés ? Alors que la France fait face à une surpopulation carcérale alarmante, ces changements ne pourront se concrétiser que si le gouvernement s'engage à trouver des solutions durables pour le système pénitentiaire.