L'ESJ Paris sauvée par un consortium de magnats des médias
2024-11-15
Auteur: Julie
Introduction
Les débats autour de l'indépendance journalistique battent leur plein : l'acquisition d'une école de journalisme par des tycoons de l'industrie va-t-elle nuire à la formation de journalistes libres ?
Acquisition par des entrepreneurs influents
L'École Supérieure de Journalisme de Paris (ESJ Paris) a annoncé, le vendredi 15 novembre, son rachat par certains des plus puissants entrepreneurs français. Parmi eux, la Financières Agache de Bernard Arnault, qui possède déjà des médias influents comme Le Parisien, Les Echos et Paris Match. Rodolphe Saadé, propriétaire de CMA Média (BFM-TV, La Provence), ainsi que Vincent Bolloré, créateur de la Compagnie de l'Odet (Canal+, Europe 1, Prisma, Le Journal du Dimanche), sont également impliqués. Les frères Stanislas et Godefroy de Bentzmann, ainsi que des fonds d'investissement tels que Koodenvoi, ont aussi pris part à ce processus, rassemblant des figures emblématiques du capitalisme français pour relancer cette institution, fondée en 1899 et prétendue « la plus ancienne école de journalisme du monde ».
Différences avec d'autres écoles
Ce qui est intéressant, c'est que l'ESJ Paris ne doit pas être confondue avec l'ESJ Lille, qui a célébré son centenaire le 9 novembre dernier. Contrairement à des établissements comme l'école nordiste ou le CFJ Paris, qui sont des associations à but non lucratif reconnues par la profession, l'ESJ Paris ne fait pas partie de la liste des quatorze écoles de journalisme validées par le paysage professionnel, alimentant ainsi les craintes concernant la qualité de l'éducation qu'elle va dispenser.
Volonté de renouveau
L'ESJ Paris, dans son communiqué, souligne le passage d'enseignants renommés tels qu'Anatole France et Raymond Poincaré, mais semble vouloir revitaliser son image en se concentrant sur des thématiques clés, notamment l'économie, pour se positionner comme un leader dans l'enseignement journalistique.
Défis à relever
Cependant, il est à noter que cette volonté de renouveau ne se fait pas sans défis. Vianney d'Alançon, âgé de 38 ans, a été désigné président du centre de formation dans le cadre de cette acquisition. Ce dernier, également lié à cette transaction via la Financières de la Lance, est connu pour avoir fondé le parc d'attractions Rocher Mistral dans les Bouches-du-Rhône, qui a récemment fait l'objet de controverses juridiques sur des infractions environnementales.
Inquiétudes sur l'indépendance journalistique
Les spécialistes s'interrogent déjà : un tel rachat va-t-il imposer des lignes éditoriales biaisées aux futurs journalistes formés dans cette école ? Les élèves de l'ESJ Paris se retrouveront-ils à naviguer dans un paysage médiatique où les intérêts économiques des propriétaires pourraient influencer leur formation et leur pratique ? Une chose est sûre, les yeux sont rivés sur cette institution, alors que la communauté journalistique reste en émoi face à cette évolution.
Conclusion
Reste à voir si l'ESJ Paris parviendra à s'imposer comme un bastion de l'indépendance journalistique ou si elle succombera à la pression de ses nouveaux patrons.