Les félins sous haute surveillance à Toulouse : Une menace pandémique imminente ?
2025-01-01
Auteur: Michel
À Toulouse, la menace d'une pandémie aussi dévastatrice que la grippe espagnole de 1918 est sur les radars des virologues. Pierre Bessière, expert à l'École nationale vétérinaire, s'intéresse particulièrement aux interactions entre les félins et le virus H5N1, connu pour provoquer des épidémies chez les oiseaux.
Le virologue a récemment observé le métabolisme des chats et leur vulnérabilité à l'influenza aviaire. Depuis 2016, une souche d'H5N1 s'est répandue à grande vitesse, surtout dans les élevages à forte densité où plusieurs espèces aviaires, comme les pintades, font face à des taux de mortalité alarmants. "Nous observons des mortalités allant jusqu'à 100 % chez certaines espèces," déclare-t-il.
Dans le cadre de ses recherches, Bessière collecte des échantillons sanguins de félins ayant accès à l'extérieur, et les résultats sont préoccupants : sur 578 chats testés, environ 1 % étaient infectés, ce qui, compte tenu des 15 millions de chats présents en France, pourrait indiquer que des dizaines de milliers de félidés ont contracté le virus.
Les symptômes chez les félins peuvent inclure des troubles neurologiques tels que des convulsions, des problèmes respiratoires, une forte fièvre, et une fatigue généralisée. Cependant, peu de vétérinaires sont encore formés pour reconnaître cette infection, rendant le diagnostic précoce difficile. "Nous avons découvert les premiers cas en 2022, mais il reste encore beaucoup à faire pour informer la communauté vétérinaire," insiste Bessière.
En effet, bien que la mortalité des félins demeure relativement faible par rapport à celle observée chez les oiseaux, ces animaux domestiques peuvent jouer un rôle crucial en agissant comme hôtes intermédiaires pour le virus. "Les chats peuvent contracter H5N1 en chassant des oiseaux infectés. Lorsqu'un virus aviaire passe à un mammifère, il subit des mutations pour s'adapter, ce qui pourrait le rendre éventuellement transmissible à l'homme," avertit le chercheur. Cela pourrait potentiellement entraîner une pandémie plus sanglante que celle de Covid-19, comparée à la grippe espagnole qui a tué entre 20 et 50 millions de personnes entre 1918 et 1919.
Le virologue met également en avant la menace que représentent les élevages intensifs, qui fonctionnent comme des incubateurs de maladies. Dans ces environnements confinés, les agents pathogènes peuvent évoluer et se répandre avec une rapidité alarmante.
Toutefois, Bessière insiste sur le fait qu'il ne faut pas céder à la panique puisque la nature possède des barrières biologiques. Par exemple, la différence de température corporelle entre les différentes espèces limite la transmission. "Un canard a une température interne de 42 °C, alors qu'un chat tourne autour de 38 °C, ce qui complique la réplication du virus H5N1 chez les félins," explique-t-il.
Face à cette situation critique, la vigilance est nécessaire. Les autorités publiques doivent redoubler d'efforts pour surveiller l'avancée de ce virus et intensifier la vaccination des volailles dans les élevages. La menace d’une nouvelle pandémie est réelle, et la collaboration entre experts vétérinaires et autorités de santé publique est plus que jamais essentielle.