Monde

Le cauchemar du nettoyage ethnique dans le nord de Gaza

2024-11-14

Auteur: Pierre

Dans le nord de Gaza, un véhicule de l’Organisation des Nations Unies claque sur le chemin dévasté qui borde la mer. Louise Wateridge, porte-parole de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, filme une scène apocalyptique : un paysage de ruines où la vie humaine semble avoir disparu. « Une société tout entière devenue un cimetière », a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux, partageant les images déchirantes le 7 novembre.

Georgios Petropoulos, responsable du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), a également exprimé son horreur lors de ses visites dans cette région. « Chaque bâtiment est effondré. La destruction est totale. Il n'y a plus de routes, seulement du sable. Je n'ai jamais été témoin d'une telle dévastation », a-t-il décrit au téléphone. Les journalistes étrangers se voient interdits d'accès à cette région en guerre.

Depuis le déclenchement du conflit à Gaza en octobre 2023, à la suite de l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël, le nord du territoire a été ciblé pour un traitement particulier. Dès le 13 octobre 2023, l’armée israélienne a ordonné l’évacuation de cette zone, bombardant intensément et privant les habitants d'aide humanitaire. Le gouvernorat du Nord, qui comprend des villes comme Beit Lahya, Beit Hanoun, et Jabaliya, le plus grand camp de réfugiés de la bande de Gaza, a été le premier à subir l’assaut au début de l’offensive terrestre israélienne fin octobre 2023.

Des centaines de victimes en un mois

Les soldats israéliens ont ordonné aux derniers Palestiniens d’évacuer cette région, où l’ONU estime encore à 175 000 le nombre de personnes présentes. « En moins de vingt-quatre heures, ces zones ont été assiégées et les militaires ont commencé à déloger les civils, même dans les écoles où ils s’étaient réfugiés », a rapporté Ayman Lubad, un correspondant du Monde basé à Gaza.

Pendant ce temps, la situation humanitaire se détériore. De nombreuses familles, comme celle d'Ayman, sont désormais séparées. Sa femme et ses trois enfants se trouvent toujours à Beit Lahya, tandis qu'il a été arrêté en décembre 2023 et détenu, subissant des conditions inhumaines dans un centre de détention israélien reconnu pour ses actes de torture. À 32 ans, cet homme est désespérément accroché à son téléphone, n'ayant plus de nouvelles de ses proches, la peur serrant son cœur.

La communauté internationale, bien que consciente de la gravité de la situation, lutte pour apporter une réponse efficace face à ce qui s'apparente de plus en plus à un nettoyage ethnique au sein de Gaza. Les voix s'élèvent appelant à une action immédiate pour protéger les populations civiles et garantir leur droit à la vie et à la dignité.