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«L'argent nous brûlait les doigts» : Romans-sur-Isère, l'ascension fulgurante des jeunes sous l'emprise de Sadri Fegaier

2024-09-24

Auteur: Julie

Envoyée spéciale dans la Drôme

Ahmed* n'est pas le seul à avoir été attiré par les promesses séduisantes d'un emploi à la SFAM (Société française d'assurance multirisques). Lorsque ce jeune homme a intégré l'entreprise en 2017, il était à la recherche d'une alternance en marketing, mais a finalement opté pour un poste de téléconseiller dans la société de courtage en assurances dirigée par Sadri Fegaier. Le salaire proposé, de 2800 euros net par mois, ainsi qu'une prime annuelle d'environ 7000 euros, semblaient irrésistibles dans la région. "Tout le monde disait que le travail chez lui était une bonne opportunité", se remémore le trentenaire.

Après une formation interne, Ahmed découvrit un univers éloigné de ses attentes. “Des conditions de travail que je n'avais jamais vues auparavant” explique-t-il aujourd'hui. Au sein du siège social, il découvre des installations impressionnantes : une salle de sport moderne, une cantine offrant des mets dignes de restaurants étoilés, et des séminaires organisés dans des lieux prestigieux. Les salariés performants bénéficient même de voitures de fonction, notamment des Mercedes. “Rapidement, mes amis et moi nous sommes laissés entraîner par cet environnement privilégié, nous étions émerveillés par les salaires et les objectifs à atteindre”, confie Ahmed. “L’argent nous brûlait les doigts”, ajoute-t-il.

Cependant, les problèmes de fond commencent à émerger. Certains témoignages révèlent une pression omniprésente sur les employés, avec des objectifs souvent irréalistes. Les jeunes de Romans, attirés par l’appât du gain, se retrouvent souvent piégés dans un environnement compétitif et stressant. Ahmed se souvient que le début de leur aventure professionnelle s'est contrasté avec leurs précédentes expériences de vie. Avant cette opportunité, lui et sa famille vivaient dans le quartier de la Monnaie, observant la construction du nouveau siège social de SFAM comme un signe de prospérité.

Derrière ce succès apparent, Sadri Fegaier, issu d'une famille modeste de Chatuzange-le-Goubet et titulaire d'un BTS, a su transformer une petite boutique de réparation de téléphones en un empire milliardaire. Mais ce parcours extraordinaire soulève des questions quant aux pratiques de l'entreprise et au bien-être de ses salariés : existe-t-il un prix à payer pour une réussite aussi fulgurante ? Dans un contexte où ces jeunes sont souvent pris dans des rouages éprouvants, la question demeure : la promesse d'un avenir radieux ne cache-t-elle pas une réalité plus sombre ?