L'espérance de vie en forte hausse, une prouesse à saluer

La France se distingue avec une espérance de vie à la naissance qui a dépassé la barre des 82 ans, atteignant 82,9 ans en 2019, en nette amélioration par rapport aux 77,2 ans en 1990. Cela place la France au 7ème rang parmi 23 pays d'Europe de l'Ouest. De plus, l'espérance de vie en bonne santé, mesurant les années vécues sans incapacité majeure, a également connu une augmentation, atteignant 71,5 ans, ce qui la positionne au 4ème rang européen.

Cette belle performance peut être largement attribuée à la robustesse du système de santé français. L'accès aux soins est relativement égalitaire, et le remboursement des consultations médicales est souvent plus avantageux que dans d'autres pays. Par ailleurs, les campagnes de prévention, bien que perfectibles, ont donné des résultats significatifs, notamment dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires, dont l'incidence a considérablement diminué grâce à de meilleures habitudes alimentaires et à une meilleure gestion des facteurs de risque.

Des avancées assombries par la stagnation des cancers et des maladies chroniques

Cependant, tous les secteurs ne progressent pas de manière uniforme. La France fait face à des stagnations alarmantes, en particulier dans la lutte contre le cancer. D’après les données du Global Burden of Disease, les taux de mortalité dus aux cancers n'ont que peu diminué en comparaison avec d'autres nations européennes. Ce phénomène est aggravé par la persistance de facteurs de risque, tels que la consommation de tabac.

Les troubles musculo-squelettiques, comme le mal de dos, ainsi que les troubles mentaux, notamment la dépression, figurent parmi les principales causes de morbidité. Bien que rarement mortelles, ces affections altèrent considérablement la qualité de vie et constituent un poids grandissant pour le système de santé, impactant une part significative de la population active et générant un nombre important d'arrêts de travail, ainsi que des départs précoces à la retraite.

Le tabac, ce fléau persistant en France

Le tabac demeure sans conteste le principal point noir du tableau. Malgré des campagnes répétées et l'augmentation progressive des prix des cigarettes, la France continue d'être l'un des pays les plus touchés par le tabagisme en Europe, en particulier parmi les jeunes adultes et les populations précaires. En 2021, environ 31,9 % des 18-75 ans déclaraient fumer, un chiffre bien au-dessus de la moyenne européenne.

Les conséquences sanitaires sont lourdes : cancers des poumons, maladies cardiovasculaires, affections respiratoires chroniques... Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France, avec plus de 75 000 décès annuels. Les efforts politiques de lutte contre le tabagisme peinent à fournir des résultats durables, et le tabagisme chez les femmes, en particulier, reste élevé et tend même à augmenter dans certaines tranches d'âge.

L'impact durable de la crise du Covid-19

Bien que l'étude s'arrête aux données de 2019, les auteurs mettent en évidence l'importance d'intégrer l'impact de la pandémie dans les futures analyses. La crise sanitaire a non seulement entraîné une surmortalité significative, mais a également perturbé les parcours de soins, ralenti le dépistage de nombreuses pathologies et aggravé les troubles psychiques. Même si ces effets restent difficilement mesurables à ce jour, l'espérance de vie a temporairement reculé dans plusieurs pays européens, dont la France, en 2020 et 2021.

Prioriser la prévention pour consolider les avancées

Pour pérenniser ses avancées et combler ses retards, la France devra intensifier ses efforts en matière de prévention : lutte contre le tabac, accompagnement psychologique, politique active contre la sédentarité et dépistage renforcé des cancers. Bien que des mesures soient en place, leur mise en œuvre durable, en particulier dans les zones rurales et éloignées des grands centres urbains, demeure un défi majeur à relever.