« Hotel Roma », de Pierre Adrian, publié par Gallimard, s'impose comme une œuvre révélatrice des liens profonds entre l'auteur et Cesare Pavese, auteur emblématique du 20ème siècle. Dans ce récit captivant, Pierre Adrian, nouvellement installé à Rome après avoir été pensionnaire à la Villa Médicis, nous invite à un voyage presque spirituel à travers l'Italie, en suivant les traces de Pavese, un écrivain qui a marqué de son empreinte la littérature italienne.

Pierre Adrian n'est pas étranger à Pavese. Son désir d'explorer les thèmes de l’enfance, du terroir et de l’identité nationale se reflète dans ses œuvres précédentes, comme « Les Bons Garçons » et « Que reviennent ceux qui sont loin », qui empruntent respectivement des éléments stylistiques et thématiques à son illustre prédécesseur. Dans une récente interview, il admet avoir toujours souhaité comprendre Pavese non seulement par la lecture de ses livres, mais également en l'explorant physiquement : "Je voulais presque devenir l’un de ses personnages," confie-t-il.

L’ouvrage débute à Turin, dans la chambre où Pavese a tragiquement mis fin à ses jours. Cependant, loin d'un simple récit de la mélancolie, Adrian opère un véritable acte de redécouverte. Il nous rappelle que la vie de Pavese était baudelaireienne, pleine d'une lutte permanente entre des éclats de joie et des ombres de désespoir. Il navigue avec délicatesse entre la mythologie du suicide et les éclats de vie qui ont réjoui l’écrivain, mettant en lumière des moments d'illumination et de créativité dans l'univers pavésien.

"Il n'y a pas de fascination pour le suicide dans mon travail", souligne Adrian. Il cherche plutôt à explorer l'énergie créatrice qui se dégage des écrits de Pavese, comme dans « La Lune et les Feux » et « Le Bel Été », œuvres où jeunesse et vitalité transparaissent malgré le tragique destin de l’auteur. L'objectif d’Adrian n’est pas de se concentrer sur la fin fatidique de Pavese, mais plutôt de célébrer l’œuvre d’un écrivain qui a su capturer l’essence même de l’expérience humaine.

Ainsi, « Hotel Roma » devient plus qu'un voyage de découverte personnelle; c'est une méditation sur l'impact d’un écrivain sur des générations de lecteurs et d’auteurs. En utilisant la ville de Rome comme toile de fond, Adrian réussit à rendre hommage à Pavese tout en tissant un récit personnel et universel sur la perte, le retour et le sens de la vie, le tout inscrit dans le magnifique paysage italien.