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Guerre commerciale : Les grands patrons s'insurgent contre l'appel de Macron à abandonner les investissements aux États-Unis

2025-04-05

Auteur: Jean

La France adopte une posture ferme face aux États-Unis. Suite à l'annonce de Donald Trump relative à l'imposition de droits de douane massifs sur de nombreux pays, dont ceux de l'Union européenne, Emmanuel Macron a enjoint les grands dirigeants d'entreprises françaises à stopper leurs projets d'investissement sur le sol américain. Cette déclaration n'a pas été bien accueillie par les acteurs du monde économique.

Le mécontentement des dirigeants

"Ce que dit Macron, je n'en ai rien à faire. Nos activités aux États-Unis sont primordiales. Il n'est pas question de les abandonner", s'indigne un PDG d'un grand groupe du CAC 40. Un producteur de spiritueux a également exprimé son désaccord, affirmant qu'il est "hors de question" d'arrêter ses activités outre-Atlantique. "Nous ne sommes pas dans une économie administrée", a ajouté un représentant d'un mouvement patronal.

Les groupes français ont considérablement investi aux États-Unis, apportant des fonds et des emplois. Par exemple, Pernod Ricard construit une distillerie de bourbon dans le Kentucky pour 240 millions d'euros et Dior prévoit d'ouvrir plusieurs boutiques à New York et Beverly Hills.

Impacts des droits de douane

Malgré cela, Paris reste déterminé à resserrer l'étau sur Washington. Une source proche de Bercy a révélé au quotidien que la demande d'Emmanuel Macron concernera "les entreprises dans lesquelles l'État a des participations", en se référant à la forte présence de sociétés comme Safran, Thales, Airbus, Engie, EDF, Keolis et RATP Développement aux États-Unis. "Les entreprises françaises devront sensibiliser les autorités américaines sur les conséquences des droits de douane sur leurs opérations", a-t-elle ajouté.

Éric Lombard, membre du cabinet du ministre de l'Économie, a aussi conseillé aux entreprises d’"agir avec discernement dans cette période", car "annoncer un investissement maintenant, c’est donner raison à Trump et à ses méthodes de déstabilisation".

Une volonté de collaboration

Cependant, certains patrons se montrent plus ouverts à une forme de collaboration. Gabriel Picard, président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux, considère que l'appel d'Emmanuel Macron vise à établir "un front commun", encourageant les acteurs à "trouver le bon équilibre pour gérer le rapport de force avec Donald Trump dans un souci de désescalade". Alexandre Saubot, le patron de France Industrie, renchérit en déclarant qu'il est crucial que chaque acteur fasse sa part pour renforcer la position de l'Europe.

L’ambiance est tendue, mais la nécessité d’une réponse unie et réfléchie face aux restrictions commerciales semble plus que jamais d’actualité. Les relations entre l'Europe et les États-Unis vont continuer à être sous surveillance, tandis que les grands patrons affrontent un dilemme stratégique crucial pour l'avenir de leurs entreprises.