Monde

Didier Fassin et la réalité oubliée de Gaza : Une analyse troublante

2024-09-28

Dans son ouvrage « Une étrange défaite. Sur le consentement à l’écrasement de Gaza », Didier Fassin, anthropologue et professeur au Collège de France, aborde une question cruciale qui touche les cœurs et les esprits : le sort tragique des Gazaouis et le silence assourdissant qui entoure leur souffrance. En effet, alors que des dizaines de milliers de civils palestiniens ont été victimes de l'armée israélienne, la voix de ceux qui subissent ces horreurs reste étrangement absente des débats médiatiques occidentaux, réduisant leur souffrance à de simples chiffres.

Fassin, dans son plaidoyer poignant, met en lumière l’indifférence apparente des grandes puissances occidentales, qui, selon lui, soutiennent Israël de manière inconditionnelle. Il souligne que cette « injustice suprême » crée une « immense béance dans l’ordre moral du monde », une indignation palpable à chaque page de son livre. L'ouvrage se penche également sur comment les souffrances vécues par les Gazaouis sont souvent invisibilisées, agrémentant un discours qui ne semble pas vouloir décrire toute la réalité.

En explorant la représentation des souffrances à travers les médias, Fassin expose les preuves d’un soutien quasi total des pays occidentaux envers l’action de l’armée israélienne, souvent traduit par une « condamnation systématique » des mouvements de protestation. Il compile des rapports et des articles qui soulignent cette tendance, renforçant ainsi la véracité de son propos.

Cependant, le doute s’installe lorsque l’on examine la manière dont certaines informations semblent être sélectionnées ou interprétées. Par exemple, lorsqu'il évoque le rapport remis aux Nations Unies sur l'UNRWA, l'agence pour les réfugiés palestiniens, il s’abstient de mentionner une enquête cruciale révélée en août, qui a mis en lumière des allégations d’implication de certains membres de cette agence dans les violences récentes.

Il se permet également d’affirmer que le rapport d’avril a salué la « neutralité » de l’UNRWA tout en attestant de l'absence de contenus antisémites dans les manuels scolaires. Cependant, cette interprétation est inexacte ; le rapport souligne bel et bien la présence de contenus problématiques, mettant en exergue l'importance d’un suivi approfondi de ce qui est véhiculé dans l'éducation des jeunes générations.

Didier Fassin pose ainsi un regard critique sur la manière dont les récits de souffrance sont construits et partagés dans l’espace public, dévoilant une réalité complexe qui mérite une attention toute particulière. Les témoignages des Gazaouis, leurs vérités, doivent être entendus au-delà des discours de pouvoir. En fin de compte, la question se pose : jusqu'où l’incompréhension des souffrances des autres influe-t-elle sur notre sens de la justice ? Ce livre est un appel à la réflexion, à l'empathie, et à une prise de conscience nécessaire sur la situation en Gaza, souvent occultée par une vision simpliste des conflits.