Nation

"Des conséquences inacceptables" : des ex-ministres de la Santé s'opposent à une réforme de l'AME

2024-09-27

Huit anciens ministres de la Santé ont récemment exprimé leur inquiétude concernant une réforme potentielle de l'Aide Médicale de l'État (AME) lors d'une tribune publiée dans Le Monde. Ce changement, envisagé par certains membres du nouveau gouvernement, pourrait transformer l'AME en "aide médicale d'urgence", une décision qui suscite de vives protestations.

Ces ex-ministres, dont des figures emblématiques comme Aurelien Rousseau et Roselyyne Bachelot, avertissent que restreindre ou supprimer l'AME pour les sans-papiers aurait des "conséquences sanitaires, humaines, sociales et économiques inacceptables". Ils soulignent que l'affaiblissement de l'AME entraînerait une pression accrue sur le système de santé, conduisant à des soins plus tardifs et souvent plus graves, ainsi qu'à des dépenses médicales considérablement augmentées.

Les signataires de la tribune dénoncent ce qu'ils appellent un "fantasme" selon lequel l'AME inciterait à l'immigration en France aux frais des contribuables. "L'AME ne constitue pas un facteur d'incitation à l'immigration, mais un dispositif indispensable qui rythme notre politique de santé publique", insistent-ils.

L'AME, qui représente environ 0,5% du budget de la Sécurité sociale, garantit la prise en charge des soins à ceux qui résident en France de manière irrégulière depuis plus de trois mois, à condition que leurs revenus soient inférieurs à 10.166 euros par an. En 2024, le budget alloué à l'AME s'élève à 1,2 milliard d'euros, tandis que 466.000 personnes en bénéficient actuellement.

Les soins couverts par l'AME comprennent non seulement les consultations médicales et dentaires, mais également les médicaments remboursés, les frais d'analyses, d'hospitalisation, certaines vaccinations, ainsi que l'accès à la contraception et à l'IVG. Au moment où les tensions politiques autour de l'immigration et des dépenses publiques sont très présentes, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a déclaré qu'il pourrait envisager des "dispositions" concernant l'AME par voie réglementaire. Cette déclaration met en lumière les frictions qui existent au sein du gouvernement, et la question de l'AME pourrait devenir un point de crise majeur dans les mois à venir.

Les ex-ministres ajoutent de manière alarmante que toucher à ce dispositif irait à l'encontre des politiques de santé publique déjà établies, ce qui soulève des questions essentielles sur l'humanité et l'éthique du système de santé en France. Pendant que les débats s'intensifient, la protection de la santé des plus vulnérables est plus que jamais au cœur des préoccupations des acteurs politiques.