Santé

Quel est ce virus de la tomate ToBRFV qui affole la Nouvelle-Aquitaine ?

2024-09-24

La filière de la tomate en émoi face au ToBRFV

La filière de la tomate est en émoi face à la réémergence du virus du fruit rugueux brun, connu sous le nom de ToBRFV (pour "Tomato brown rugose fruit virus"). Ce virus a refait surface au printemps dernier en Nouvelle-Aquitaine, avec un foyer détecté chez un coopérateur de l'entreprise Rougeline dans le Lot-et-Garonne. Ce département avait déjà été touché en 2021 par un cas signalé au lycée agricole de Sainte-Livrade, près de Villeneuve-sur-Lot. L'impact de ce virus préoccupe de nombreux acteurs de la filière, y compris des chercheurs comme Éric Verdin, expert en maladies virales à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) à Avignon.

Origine et situation actuelle en France

Le ToBRFV a été identifié pour la première fois en Jordanie et en Israël entre 2013 et 2014. En Europe, il a fait son apparition en Allemagne en 2018 et s'est ensuite propagé à d'autres pays comme l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas, où il est désormais endémique. En France, le premier cas remonte à 2020 en Bretagne, mais plusieurs foyers ont été détectés depuis, notamment en Nouvelle-Aquitaine et en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Néanmoins, sa propagation est contenue pour le moment.

Ce virus, bien qu'étant nouveau, appartient à une famille bien connue des tobamovirus, qui étaient relativement contrôlés depuis les années 70 grâce à la sélection de variétés de tomates résistantes. Malheureusement, le ToBRFV infecte ces variétés, mettant ainsi en péril des décennies de travail de sélection.

Face à cette menace, les entreprises semencières et les pépiniéristes ont dû intensifier leur surveillance des semences. Bien que des passeports phytosanitaires garantissent l'absence de virus, certains lots contaminés peuvent encore pénétrer sur le marché.

Mécanisme de propagation du virus

Le ToBRFV est extrêmement stable et peut survivre sur des supports inertes pendant de longues périodes. Il infiltre la plante par une micro-blessure. En serre, un simple contact suffit pour que le virus se propage – par exemple, via des outils ou des mains. Une fois à l'intérieur de la plante, il peut infecter toute la culture, allant jusqu'à contaminer les fruits et l'environnement, y compris les eaux et les plantes sauvages.

Signes d'infection et conséquences

Les premiers signes d'infection se manifestent par des mosaïques ou des marbrures sur les feuilles, ainsi que des décolorations sur les fruits, qui prennent un aspect rugueux et brun, ce qui les rend non commercialisables. Malheureusement, ce processus est difficile à déceler à ses débuts, et une fois qu'une plante est infectée, il n'y a aucun remède.

Impact sur la santé humaine et mesures préventives

Aucun virus de plante, y compris le ToBRFV, ne présente un danger pour la santé humaine. Cependant, les producteurs doivent faire face à des mesures strictes en cas de détection d'un foyer, notamment l'arrachage des plants infectés et un nettoyage rigoureux des installations.

Les méthodes de culture, qu'elles soient biologiques ou conventionnelles, n'offrent pas de protection totale contre le virus. Par exemple, les tomates cultivées en plein champ, qui ne sont pas manipulées aussi fréquemment, montrent moins de propagation que celles cultivées en serre.

Quelles solutions pour l'avenir ?

Pour lutter contre le ToBRFV, les variétés de tomates résistantes sont la clé. Bien que des variétés prometteuses commencent à apparaître sur le marché, le virus est capable de muter rapidement, ce qui complique le contrôle de sa propagation. L'utilisation de variétés avec des résistances durables est donc cruciale.

D’ailleurs, il n’existe pas de traitement virucide efficace contre le ToBRFV, et l'utilisation de tels produits pose des questions sur leur impact sur la santé humaine et l'environnement. Une solution alternative pourrait être la prémunition, une méthode semblable à la vaccination.

Restez vigilants, car la lutte contre ce virus pourrait bien redessiner l'avenir de la culture de la tomate en Nouvelle-Aquitaine et au-delà !