Science

DÉPRESSION : Découvrez pourquoi les femmes en souffrent plus que les hommes !

2025-01-17

Auteur: Chloé

La dépression et l’anxiété, des troubles psychiques souvent minimisés, touchent de manière disproportionnée les femmes. Selon une étude récente de Santé Publique France, près de 16 % des femmes françaises âgées de 18 à 85 ans ont vécu un épisode dépressif en 2021, contre seulement 9,3 % des hommes. Ce chiffre s’élève encore plus chez les jeunes femmes : plus d’un quart des 18-24 ans ont déclaré avoir subi un épisode dépressif en 2022. À l'échelle mondiale, la dépression est environ 50 % plus fréquente chez les femmes, selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais quels sont les faits derrière cet écart ? Pourquoi les femmes sont-elles plus à risque face à la dépression ?

Pour répondre à ces questions, nous avons consulté Lucie Joly, psychiatre spécialisée en psychiatrie périnatale à l’hôpital Saint Antoine et enseignante à Sorbonne Université. Plusieurs femmes atteintes de dépression ont également partagé leur expérience, mettant en lumière des thèmes d’inégalités, de solitude et de colère.

Les causes biologiques : le cycle menstruel influence la santé mentale des femmes

"Les femmes sont deux fois plus touchées par la dépression que les hommes", explique Lucie Joly. Cette réalité alarmante tire en partie son origine des fluctuations hormonales associées aux différentes étapes de la vie des femmes : puberté, cycle menstruel, grossesse, post-partum et ménopause. Ces moments charnières sont marqués par des changements hormonaux pouvant influencer le cerveau de manière critique. Des perturbations hormonales spécifiques peuvent même entraîner des troubles comme le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), touche 5 % des femmes. Selon la psychiatre, "ce n'est pas un simple syndrome prémenstruel ; les symptômes sont sévères et invalidants."

Pendant la grossesse, environ une femme sur cinq souffre de dépression pré ou post-partum, impactant directement la santé de la mère et de l’enfant. Le suicide est noté comme la première cause de mortalité dans l’année suivant une naissance. De plus, 10 à 30 % des femmes rencontrent des troubles dépressifs pendant la préménopause. "Il ne s’agit pas uniquement de la quantité hormonale, mais de sa variation", ajoute-t-elle. Cela inclut aussi comment la contraception peut déclencher des changements hormonaux artificiels, influençant ainsi la santé mentale des femmes.

Les causes psychologiques et sociales : la pression sociale sur les femmes

Cependant, tout n’est pas une question de biologie. La société impose une pression écrasante sur les femmes, surchargées par les attentes tant professionnelles que personnelles. Elles sont fréquemment victimes de discriminations, d’inégalités et d'injonctions qui affectent lourdement leur moral. "Les violences psychologiques, sexuelles et physiques, en particulier au sein du couple, jouent également un rôle clé", note Lucie Joly. Une étude québécoise de 2022 révèle que ces pressions cumulées augmentent considérablement les risques de troubles dépressifs.

Amélie et Clara : témoignages de souffrance et de résilience

Amélie, atteinte de bipolarité de type 2, indique que la quête d'une mère parfaite amplifie son souffrance et que des attentes impossibles peuvent la rendre prisonnière de son propre mal-être. Clara, de son côté, précise ressentir une pression constante entre le travail, les corvées ménagères, et les responsabilités émotionnelles. "La société exige beaucoup des femmes, et sans soutien, cela devient invivable", déplore-t-elle.

De quelle manière la dépression est-elle vécue par les hommes et les femmes ?

La dépression se manifeste également différemment chez les hommes. Ces derniers affichent souvent des signes de colère ou d'irritabilité tandis que les femmes présentent des symptômes plus visibles mais souvent banalisés, comme des troubles de l’appétit et des ruminations anxieuses. Cette disparité dans l’expression de la dépression complique sa reconnaissance diagnostique, car de nombreux symptômes chez les femmes sont souvent attribués à d'autres problèmes comme le stress ou la fatigue.

Une prise en charge à adapter

Les femmes consultent plus souvent pour leur santé mentale, représentant 60 % des patients en thérapie, une tendance renforcée par des discussions croissantes sur la maternité et le post-partum. Pourtant, les traitements actuels restent largement généralistes et ne tiennent pas compte des specificités féminines de la dépression. "Des progrès commencent à se voir, avec notamment de nouveaux antidépresseurs spécifiquement adaptés au post-partum dans certains pays", souligne Lucie Joly. Néanmoins, le besoin urgent d'une formation standardisée pour les professionnels de santé est indispensable afin de mieux identifier et traiter ces troubles chez les femmes. En France, une uniformisation des compétences des sages-femmes, souvent en première ligne, est primordiale pour déceler les nuances entre baby blues et dépression post-partum. Ainsi, en continuant de briser le tabou et en créant des espaces de parole sécurisés, nous saurons mieux soutenir nos femmes face à ce fléau en expansion.