Les sciences sociales, longtemps associées à la littérature, ont évolué dans un contexte où l'écriture académique doit faire face à de nouveaux défis. Historiquement, l'histoire et la littérature étaient indissociables, comme l'illustre l'œuvre emblématique de Claude Lévi-Strauss, *Tristes Tropiques*. Au fil des décennies, des formats alternatifs tels que la bande dessinée, le théâtre et les arts visuels ont émergé, offrant des moyens innovants de partager des connaissances scientifiques. Ces nouvelles pratiques sont-elles bénéfiques pour la recherche ? Elles peuvent-elles rendre des sujets complexes plus accessibles et attirer de nouveaux publics ?

Cependant, ce processus pose la question de la rigueur scientifique. À une époque où la vérité semble plus incertaine, ces formats peuvent-ils finalement affaiblir la substance académique ? La tension entre créativité et rigueur soulève des débats importants : peut-on véritablement allier la fantaisie à une recherche sérieuse sans compromettre la validité des résultats ?

Les initiatives de penseurs contemporains, telle que l’ouvrage *Théâtres du monde : fabriques de la nature en Occident* de Frédérique Aît-Touati, illustrent cette dynamique. Aît-Touati, qui dirige également la collection "Terra incognita" chez Flammarion, explore les interactions entre science et art, remettant en question les frontières traditionnelles de la recherche. En tant que metteure en scène, elle a fondé la compagnie Zone Critique, qui vise à provoquer des réflexions sur notre rapport à la nature à travers des spectacles vivants.

Alors que le paysage académique continue de se transformer, les chercheurs doivent naviguer habilement entre créativité et rigueur, redéfinissant ainsi ce que signifie écrire dans le domaine des sciences sociales aujourd'hui. Ce n'est pas seulement une question de style ou de format, mais un enjeu crucial pour l'avenir même de la recherche.