Blandine Chélini-Pont, historienne : « Kamala Harris a commis l’erreur de ne pas aller chercher l’électorat catholique »
2024-11-13
Auteur: Emma
Le 7 novembre, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, a fait une déclaration soigneusement mesurée sur la victoire de Donald Trump, souhaitant qu'il trouve « beaucoup de sagesse », une qualité essentielle selon la Bible pour tout gouvernant. Il a souligné l'importance d'une approche « véritablement humaine » concernant des sujets tels que l'immigration, tout en confirmant le rapprochement du Vatican avec la Chine, qualifié par Mike Pompeo, ancien secrétaire d’État, de moralement problématique.
Cependant, il semble que la diplomatie du Saint-Siège n'ait pas d'influence notable sur l'électorat catholique aux États-Unis. Ce dernier a majoritairement ignoré les recommandations de la Conférence épiscopale, qui appelait les fidèles à voter pour des candidats en faveur du « bien commun » et de la dignité de chaque personne, en particulier des plus vulnérables.
Environ 20 % des électeurs, identifiés comme catholiques, ont finalement choisi un candidat aux promesses peu alignées avec les valeurs catholiques traditionnelles : expulsions massives de migrants, réduction des réglementations environnementales, abrogation de l’Affordable Care Act, et hostilité envers les syndicats. Cela soulève la question de savoir si ces électeurs ont adopté l’idéologie du nationalisme chrétien, souvent associée aux partisans de Trump.
Les résultats des sondages préélectoraux de septembre fournissaient un aperçu des intentions des électeurs catholiques, montrant Kamala Harris à 47 % contre 52 % pour Trump. Depuis des années, les analystes observent un vote particulièrement élevé parmi les catholiques blancs conservateurs, souvent très pratiquants et opposés à l'avortement. En 2016, 64 % d'entre eux avaient voté Trump, 59 % en 2020 et 62 % lors des élections de mi-mandat en 2022. Ce phénomène est emblématique d'une division plus large au sein de la communauté catholique, reflétant des fractures idéologiques et culturelles plus vastes, renforcées par des enjeux contemporains comme les droits des immigrés et le changement climatique.
Alors que les tensions politiques s'intensifient, la question de l'adhésion des catholiques aux valeurs traditionnelles face aux nouveaux mouvements sociaux est plus que jamais d'actualité. Les prochaines élections pourraient révéler si cette dynamique perdurera ou si une redéfinition des priorités des électeurs catholiques émergera. Les observateurs s'interrogent: quel avenir pour ces fidèles dans un paysage politique en constante mutation?