
Biogaz : Ce que révèle vraiment le rapport de la Cour des comptes
2025-03-19
Auteur: Julie
Le rapport récemment publié par la Cour des comptes, intitulé « Le soutien au développement du biogaz », a suscité de nombreuses réactions dans le domaine de l'énergie renouvelable. Si certains experts y voient un frein au développement de la filière française du biométhane, il s'avère que la Cour fait en réalité l’éloge des progrès réalisés. Cette énergie renouvelable, produite grâce à la méthanisation de matières organiques, est reconnue comme essentielle pour l'avenir énergétique. Cependant, ce sont surtout les politiques publiques qui sont critiquées : les autorités doivent redimensionner leurs objectifs et réorienter les aides pour plus d'efficacité.
Les avantages du biogaz : moteur de la transition énergétique
Le rapport souligne les multiples bénéfices du biogaz : « La production de biogaz répond à divers objectifs de politique publique, notamment la décarbonation de l'énergie, la transition agroécologique, la résilience des exploitations agricoles et la gestion des déchets. » Les auteur.es tablent sur un consensus scientifique solide concernant le bilan carbone de cette énergie, qui pourrait se révéler un substitut stratégique aux ressources fossiles et aux engrais minéraux. Effectivement, le biogaz est vu comme un pilier pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. L'énergie en elle-même n'est pas remise en question, mais les objectifs fixés sont jugés trop optimistes.
En 2023, le biogaz représentait 0,7 % de l’électricité et 2,4 % du gaz consommé en France. Son utilisation est double : il peut produire de l'électricité ou de la chaleur par cogénération, ou encore être injecté et purifié pour être distribué dans les réseaux de gaz sous forme de biométhane. En 2023, la France comptait 1 911 unités de méthanisation, dont 652 destinées à l'injection, et pour la première fois, la production de biométhane injectable a atteint 9,1 TWh, soit une augmentation de 31 % par rapport à l'année précédente. Si les chiffres restent modestes, le dernier plan pluriannuel de l’énergie prévoit un objectif ambitieux de 50 TWh d'ici 2030.
Des objectifs à revoir ?
Le rapport émet néanmoins des doutes quant à la viabilité des objectifs fixés pour 2030 et 2050, en raison de la disponibilité réelle de biomasse. La faiblesse de l'offre par rapport à la demande pourrait compromettre l'objectif de 50 TWh. La Cour appelle à une mise à jour des estimations pour mieux appréhender la mobilisation de cette ressource. Bien que les potentialités de développement soient jugées larges, un suivi rigoureux de ces gisements devient primordial.
La place du gaz dans le mix énergétique français se trouve également en question, surtout avec l’électrification croissante des systèmes. La Cour avertit qu'un déclin de 65 % de la consommation de gaz, attendu d'ici 2050, impliquera un recours massif aux biogaz pour compenser la consommation résiduelle, ce qui nécessite des investissements lourds dans les infrastructures.
Vers une meilleure allocation des aides publiques
Les projets de méthanisation agricole se sont appuyés sur un arsenal d’aides publiques important, mais mal ajusté. En effet, la multiplicité des dispositifs et la diversité des situations dans la filière ont compliqué l’évaluation de la rentabilité des installations. La Cour dénonce un manque de données pour mieux comprendre la rentabilité des investissements, ce qui a conduit à des prises de décisions inappropriées.
Optimiser la transition agroécologique
Il est important de noter que les exploitations utilisant la méthanisation ont connu une augmentation significative de leur excédent brut d’exploitation, s’élevant à 20 % par rapport à celles qui n’y sont pas engagées. Les cultures intermédiaires énergétiques permettent de nourrir les méthaniseurs sans nuire à la production alimentaire. En promouvant ce type de culture, la France pourrait sécuriser le complément énergétique nécessaire tout en préservant la biodiversité et la santé des sols.
En conclusion, bien que le rapport de la Cour des comptes identifie des défis dans le développement du biogaz en France, il souligne également le potentiel immense de cette énergie renouvelable dans notre transition verte. Les acteurs concernés sont appelés à prendre des mesures concrètes pour garantir une planification efficace et un soutien adapté, en vue d’affronter les défis futurs liés à l'énergie.