Eureka ! Ce mardi 18 mars 2025, à 2h31 du matin (heure de Paris), la société Rocket Lab a brillamment réussi le dernier lancement de la constellation de Kinéis depuis Mahia, en Nouvelle-Zélande. La fusée Electron a placé en orbite les cinq derniers nanosatellites, atteignant ainsi un total de 25 satellites dédiés à l'Internet des Objets (IoT) – une première en Europe.

"Les satellites ont été déposés par le lanceur sur une orbite transitoire à 635 km d’altitude," explique Christophe Vassal, le président du conseil de surveillance de Kinéis. "Avec leur système de propulsion électrique, nos équipes vont rapidement les repositionner sur leur orbite finale à 650 km. Nous prévoyons que ces satellites atteignent leur position définitive d'ici trois mois." Avec cette constellation désormais complète, la start-up toulousaine, située à Ramonville Saint-Agne, se prépare à lancer ses services commerciaux.

Un renseignement essentiel pour des régions ignorées

Fondée en 2018, Kinéis a réalisé un exploit sans précédent en mettant 25 nanosatellites en orbite en moins d’un an, soutenue par un financement 100% français, à la fois public et privé. Aujourd'hui, elle représente la seule solution satellitaire opérationnelle capable de répondre à la problématique des zones blanches. Et le besoin est crucial, car environ 85 % de la planète reste non couvert par les réseaux terrestres.

Équipés de technologies à la pointe de l'innovation, les nanosatellites de Kinéis évoluent sur une orbite basse (LEO) et parcourent 40 000 km lors de chaque orbite, ce qui minimise la latence et améliore la qualité des signaux. Pesant chacun 28 kg, ces satellites disposent de systèmes de propulsion électrique alimentés par panneaux solaires, assurant leur maintien en orbite. En plus de cela, un réseau de vingt stations au sol dispersées à travers le monde facilitera la transmission et la gestion des données.

Prêt pour la révolution commerciale

Avec ce dernier lancement réussi, Kinéis est sur le point de commercialiser ses services, qui seront opérationnels à partir du 1er juin pour une durée de huit ans. Grâce à un réseau de balises, la constellation permettra une localisation en quasi-temps réel de tout objet connecté, qu'il soit en milieu urbain ou rural. Ses applications sont vastes : détection de feux de forêt, surveillance d'inondations, suivi d'infrastructures et des réseaux énergétiques, ou encore surveillance des activités maritimes et ferroviaires.

Par exemple, la société CLS envisage d'utiliser cette constellation pour suivre les mouvements des navires de pêche et des troupeaux. De son côté, le consortium formé par Europorte et Kerlink prévoit de l’utiliser pour localiser en temps réel des wagons de fret. Les perspectives sont prometteuses, et les avantages dans les domaines critiques, tels que la sécurité et la gestion des ressources, sont considérables.

Avec ce formidable succès, Kinéis projette d'atteindre son seuil de rentabilité dès cette année et vise un chiffre d'affaires de plus de 20 millions d'euros d'ici 2026, avec des ambitions de 100 millions d'euros dans les huit prochaines années. Une révolution spatiale made in France, à suivre de près !