L'intelligence artificielle (IA) est devenue un élément clé de la transformation numérique au sein des entreprises, bouleversant le paysage du travail. En 2025, l'essor des agents IA devrait être manifeste, apportant des avancées significatives dans divers secteurs. Pour les entreprises, l'IA représente un potentiel considérable d'automatisation allant du marketing à la production. Toutefois, cette évolution inquiète profondément les travailleurs freelances.

Le marché de l'emploi évolue rapidement, et le freelancing en est une illustration frappante. Ce mode de travail a gagné en popularité, offrant une alternative au salariat traditionnel. En 2022, l'Union européenne comptait près de 27,66 millions de travailleurs indépendants. En France, le statut de micro-entrepreneur a porté le nombre de freelances à plus d'un million, avec une augmentation vertigineuse de 92 % depuis 2009.

À l'international, la tendance est encore plus marquée. Aux États-Unis, plus de 76 millions de personnes exercent comme freelances, représentant environ 36 % de la main-d'œuvre. Récent travaux prévisionnels laissent croire qu’environ 50 % de la population active pourrait être freelance d'ici 2028, stimulés par les économies de coûts et la flexibilité apportée par cette nouvelle dynamique.

Cependant, l'IA présente une menace sérieuse pour ces travailleurs. Une étude récente de l'Université de Washington et de la Stern School of Business montre que l'IA ne se limite pas à automatiser uniquement des tâches simples ou répétitives. Elle commence à avoir un impact sur des professions hautement qualifiées, réduisant les opportunités pour les travailleurs indépendants.

Il a été constaté qu'une hausse de 1 % des revenus antérieurs d'un freelance s'accompagne d'une diminution de 0,5 % de ses chances d'emploi et d'une baisse de 1,7 % de ses revenus mensuels suite à l'introduction de l'IA. Les plus hauts revenus, souvent dans des domaines en plein changement, sont actuellement les plus touchés.

Cette transformation se ressent déjà fortement dans des entreprises comme Meta, qui a récemment réduit de 5 % son personnel, illustrant une économique du travail en mutation. L'IA apparaît comme un outil d'optimisation des coûts, mais elle menace également les fondations économiques traditionnelles, comme le démontre une étude récente révélant que les chatbots génèrent 96 % de trafic en moins vers les sites informatifs.

Les analystes de Bernstein mettent en garde sur les potentielles transformations radicales de l'économie numérique, avertissant que si les agents IA réalisent leur potentiel, Internet tel que nous le connaissons pourrait subir des changements irréversibles.

Face à ce défi, des syndicats et des associations tentent de s'organiser. Aux États-Unis, un mouvement étudiant a récemment forcé l'Université de Boston à abandonner une proposition d'emploi de l'IA pour remplacer des instructeurs.

La question cruciale demeure : comment allier progrès technologique et protection des droits des travailleuses et travailleurs, en particulier ceux des freelances ? Il est évident que l'IA pourrait également devenir un outil au service des freelances si des régulations adaptées sont mises en œuvre.