Cure détox, potions minceur, boosters d'immunité, remèdes anti-stress... Actuellement, un Français sur quatre consomme des compléments alimentaires de manière régulière. Présentés comme des solutions naturelles, ces produits peuvent pourtant engendrer des effets indésirables souvent négligés, avertit l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) lors d'une récente conférence de presse.

Avec une visibilité accrue dans les pharmacies, à la télévision et sur internet, les compléments alimentaires oscillent entre alimentation et médicament. Les dernières données de l'Anses montrent que 37% des Français croient à tort que ces compléments peuvent compenser une alimentation déséquilibrée. Les ventes de ces produits ont explosé, augmentant de 56% depuis 2019, selon le lobby des produits de santé sans ordonnance, le Nères.

Pourtant, l'Anses rappelle avec insistance qu'une alimentation variée et équilibrée, couplée à un mode de vie physiquement actif, suffit généralement à couvrir les besoins nutritionnels, sans nécessiter le recours à des compléments. Irène Margaritis, adjointe au directeur de l'évaluation des risques à l'Anses, alerte : "La banalisation de la consommation des compléments alimentaires est problématique."

Certaines populations, comme les femmes enceintes, les personnes âgées ou les végétaliens, peuvent néanmoins être à risque de carences et nécessiter un avis médical avant d'en consommer. Par exemple, les végétaliens doivent veiller à leur apport en vitamine B12, qu'ils peuvent manquer en raison de l'exclusion des produits d'origine animale.

L'univers des compléments alimentaires présente également un "côté obscur" : il est salutaire de rappeler qu'ils peuvent provoquer des carences nutritionnelles, des mésusages ou des interactions médicamenteuses dangereuses. Par exemple, un excès de zinc peut entraîner une carence en cuivre, l’aloe vera est contre-indiqué en cas d'occlusion intestinale et l'échinacée peut aggraver certaines pathologies immunitaires. D'autre part, l'Anses a signalé des cas de surdosage en vitamine D chez des nourrissons liés à des compléments alimentaires.

Il est crucial que toute prise de compléments alimentaires soit discutée avec un professionnel de santé, car aucune étude d'efficacité ou d'innocuité n'est exigée avant leur mise sur le marché. Un rapport de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) souligne que, parmi 95 sites contrôlés en 2017, 76% d'entre eux n'étaient pas conformes aux réglementations en vigueur.

En somme, même si les compléments alimentaires semblent inoffensifs, leur consommation peut comporter des dangers significatifs et nécessite une vigilance accrue. Il est impératif d'informer le grand public des risques associés et d'encourager une approche prudente.