Violences sexuelles : les révélations chocs des victimes de Mohamed Al-Fayed
2024-11-03
Auteur: Léa
Depuis la diffusion d'un documentaire de la BBC en septembre dernier, les accusations à l'encontre de Mohamed Al-Fayed, ancien propriétaire d'Harrods, se multiplient. Des centaines de femmes témoignent de leurs expériences traumatisantes de violences sexuelles et de viols. Parmi elles se trouvent Jen et Cheska, qui racontent à l'AFP les abus et les menaces qui les ont poursuivies.
Jen, aujourd'hui âgée de 54 ans, est entrée chez Harrods à l'âge de seize ans, croyant avoir décroché un « job de rêve ». Elle y a travaillé de 1986 à 1991. Elle décrit ce qui s'est passé : « Je pensais vivre une expérience extraordinaire, mais rapidement, je me suis retrouvée coincée dans un véritable cauchemar. » En effet, dès son embauche, elle a subi un examen gynécologique, prétendument pour vérifier sa virginité, ce qui laisse supposer des pratiques profondément ancrées dans la culture de l'entreprise à l'époque d'Al-Fayed.
Cheska, quant à elle, a été recrutée à l'âge de dix-neuf ans en 1994. Lors de son entretien, Mohamed Al-Fayed était lui-même présent et aurait même choisi des candidates en fonction de leur apparence. Elle se souvient : « Je pensais que travailler pour lui serait une opportunité incroyable, mais j'étais jeune et naïve. »
Les abus ne se sont pas fait attendre. Jen raconte avoir été soumise à des règles strictes interdisant toute relation amoureuse. « Nous étions surveillées en permanence, des caméras dans les bureaux aux téléphones sur écoute. » Elle témoigne avoir vécu plusieurs agressions et même une tentative de viol, tant au bureau d'Al-Fayed qu'à sa résidence londonienne.
Cheska a aussi été victime d'une agression choquante après qu'Al-Fayed l'ait conviée à une prétendue audition. Ce moment tragique où elle a été forcée de se déshabiller pour une caméra a marqué un tournant dans sa vie. Après cet incident, elle a quitté son emploi et a refusé de retourner à Harrods.
Les deux femmes ont décidé de parler publiquement, malgré la peur et les menaces qui pesaient sur elles. Après avoir dénoncé les abus, Jen avait même été contactée par un agent de sécurité de Harrods qui l'avait intimidée. Dans les années 1990, elle avait témoigné dans les pages de Vanity Fair, mais le silence entourant ces accusations persistait. Lorsque Mohamed Al-Fayed a poursuivi le magazine en diffamation, un accord a finalement été trouvé après la mort tragique de son fils Dodi en 1997.
Cheska, qui a voulu briser le silence autour de son agression, se dit aujourd'hui furieuse de voir que l’affaire est restée sans suite. En 2017, elle a témoigné à visage découvert dans un documentaire, mais la police n'a jamais agi contre Al-Fayed. Leur colère est palpable : « Ce monstre a quitté ce monde sans jamais être tenu responsable de ses actes. »
Depuis la diffusion du documentaire, la direction actuelle d'Harrods, qui a été racheté par des investisseurs qatariens en 2010, a fermement condamné le comportement de Mohamed Al-Fayed et a présenté des excuses pour avoir abandonné ses employées victimes. En conséquence, la direction aurait engagé des discussions avec plus de 250 femmes dans le but de trouver un accord à l'amiable.
Ces tragédies soulèvent des questions urgentes sur la culture de silence et de peur au sein des grandes entreprises. Les témoignages de Jen et Cheska résonnent comme un appel à la justice et à la transparence dans le traitement des abus sexuels, espérant qu'aucune autre femme ne subisse ce qu'elles ont traversé.