Science

Une spectaculaire découverte d'un dinosaure herbivore en Charente

2024-09-26

Le site fossilifère d'Angeac, en Charente, continue de surprendre les paléontologues. Cet été, Ronan Allain, du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, a une fois de plus été émerveillé par une découverte incroyable réalisée par une équipe de trente fouilleurs, sur un site âgé d'environ 140 millions d'années. Bien connu pour avoir révélé un sauropode en 2010, le site a cette fois-ci livré un impressionnant fémur, suivi de quatre vertèbres, de fragments de crâne, de bassin et d'une vingtaine de dents, permettant ainsi de mettre en lumière une nouvelle espèce de sauropode.

Ces géants quadrupèdes, herbivores, sont parmi les plus grandes créatures ayant foulé notre planète. Le nouveau dinosaure, qui mesurait entre 15 et 20 mètres de long, pesait environ 25 tonnes, selon Ronan Allain. Il a noté que ses dents diffèrent de celles d'autres espèces de sauropodes déjà identifiées dans la région, comme le turiasaure, ce qui souligne l'importance de ce nouvel ajout au répertoire paléontologique.

L'exploration du site a également révélé une autre caractéristique fascinante : contrairement aux fossiles d'Angeac, souvent mélangés et dégradés, les vertèbres découvertes cette fois-ci étaient encore „en connexion“, suggérant qu'il pourrait y avoir d'autres ossements à découvrir à proximité. Le paléontologue a déclaré : « Tout le monde est impatient pour l'année prochaine ! »

Cependant, la saison de fouille ne s'est pas déroulée sans défis. En raison des fortes pluies, l'équipe ne savait pas si elle pourrait commencer les travaux, les machines s'enfonçant dans le sol et rendant le drainage du terrain impossible. La particularité du site d'Angeac est qu'il se trouve sur une ancienne carrière inondable, où un système de pompage et de bassins permet de contrôler le niveau de l'eau. Après le retour d'un temps sec, les carrières ont finalement dégagé la couche de gravier qui recouvrait l'argile, où tant de fossiles avaient été piégés.

Imaginez Angeac il y a 140 millions d'années : une vaste plaine marécageuse où des animaux pouvaient se retrouver piégés par une montée soudaine des eaux. Un exemple marquant serait un groupe d'environ 70 ornithomimosaures, des carnivores bipèdes de 5 mètres, qui s'étaient sans doute retrouvés coincés dans cette région. Ronan Allain fait un parallèle avec les buffles de l'Afrique moderne, qui traversent les rivières au même endroit pendant leurs migrations et peuvent parfois y perdre beaucoup de membres de leur groupe.

Cette nouvelle découverte ne fait pas seulement briller la Charente sur la carte paléontologique, elle soulève également des questions sur les conditions environnementales de l'époque et sur d'autres espèces potentiellement découvertes dans les mois à venir. L'excitation règne et les enjeux de recherche sont plus hauts que jamais.