Raphaël Glucksmann fait son grand retour sur la scène politique française. Près de quatre mois après les élections européennes où il a terminé troisième, juste derrière la candidate macroniste Valérie Hayer, l'eurodéputé s'exprime dans *Le Parisien*. À une semaine de la rentrée de son parti Place publique, près de Bordeaux, Glucksmann observe les répercussions de l'échec du Nouveau Front populaire (NFP) qui n’a pas réussi à s'imposer à Matignon cet été. L’alliance électorale de gauche s’est soldée par la validation de la candidature de Lucie Castets, malgré l’invitation à une coopération de Bernard Cazeneuve.

Glucksmann n’hésite pas à critiquer la « stratégie du tout ou rien » impulsée par Jean-Luc Mélenchon, qu'il considère comme ayant « produit le rien ». Il affirme que cette approche était vouée à l'échec, regrettant l'intransigeance des leaders du NFP qui ont refusé de mener des négociations sur le programme après leur victoire relative. Selon lui, même sans majorité à l’Assemblée nationale, il était primordial de « discuter sur la base des propositions de gauche avec d'autres forces politiques » pour instaurer une majorité stable et obtenir des avancées, notamment sur des enjeux tels que l'augmentation du SMIC, les retraites et le retour de l'ISF.

Si cette stratégie avait été mise en œuvre, il admet que la responsabilité de l’échec aurait pu être transférée à Emmanuel Macron ou à la droite, et appelle son propre camp à se « libérer du maximalisme insoumis ». Glucksmann, patron de la social-démocratie, semble avoir des ambitions politiques revigorées. Il évoque la « dynamique » de sa campagne européenne qui a repositionné Place Publique comme une force politique majeure, soulignant l’importance d’écouter les préoccupations des citoyens sans céder aux facilités des discours populistes.

Avec l'éventualité d'une dissolution prochaine de l'Assemblée en filigrane, il se déclare « prêt » pour les législatives de 2025. Son objectif est de faire émerger, d’ici là, une offre politique sociale, démocrate et écologique qui soit crédible et puissante. « Il faut esquisser un chemin clair, tant sur le fond que sur la forme », précise-t-il, tout en cherchant à toucher tous les Français, même ceux qui sont désillusionnés par la gauche.

Bien que la présidentielle de 2027 puisse sembler lointaine, il ne ferme pas la porte à cette possibilité. Glucksmann se concentre pour l'instant sur la nécessité de « bâtir une gauche démocratique suffisamment forte sur le plan intellectuel et politique pour contrer l’extrême droite ». Dans ce climat politique incertain, son appel à la mobilisation pourrait bien résonner avec un électorat en quête de renouveau.