Un phénomène de prédation sans précédent : des millions de poissons sous les yeux des scientifiques !
2025-01-02
Auteur: Léa
Le capelan, petit poisson arctique au rôle vital dans les écosystèmes marins, se regroupe chaque année pour sa reproduction, attirant un impressionnant ballet de prédateurs, parmi lesquels la morue de l'Atlantique. Cette année, une équipe de scientifiques du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en collaboration avec l'Institut de recherche marine de Norvège a été témoin d'un événement de prédation d'une ampleur incroyable.
Observer l'invisible dans l'immensité bleue
L'étude de tels phénomènes dans un océan vaste et dynamique est un défi de taille pour les océanographes. Comment observer l'interaction de millions de poissons sur d'énormes distances ? Les chercheurs ont déployé la technologie de pointe appelée Ocean Acoustic Waveguide Remote Sensing (OAWRS), qui permet de cartographier les grandes populations de poissons à l'aide d'ondes sonores. En envoyant des ondes acoustiques depuis un navire, le système capte les échos retournés par les bancs de poissons, un peu comme un radar avec une précision impressionnante.
Pour analyser les interactions entre différentes espèces, l'équipe du MIT a utilisé une technique multispectrale permettant d'identifier les sons en fonction de leurs fréquences spécifiques. Cette méthode a permis de distinguer les capelans, à la vessie natatoire plus petite, des morues, qui possèdent des vessies vibrantes à des fréquences plus basses.
Un rassemblement spectaculaire en mer de Barents
Lors de cette observation inédite en mer de Barents, au large des côtes norvégiennes, le comportement des capelans a pris une allure impressionnante. Au début de la journée, ces petits poissons se dispersaient en petits groupes, cherchant un lieu pour pondre. Petit à petit, ils ont commencé à se rassembler en un immense banc. Les chercheurs estiment qu'environ vingt-trois millions de capelans ont formé un « hotspot » impressionnant d'environ dix kilomètres de long, se déplaçant comme une seule entité.
Ce rassemblement défensif n'a pas tardé à attirer les morues, qui ont aussi formé un immense banc pour se nourrir. En quelques heures, près de 2,5 millions de morues se sont jurées de faire du capelan leur repas. L'événement qui a suivi a été aussi spectaculaire que dévastateur : plus de dix millions de capelans ont été consumés en un temps record, représentant plus de la moitié du banc initial. Un tel événement de prédation n'a jamais été observé ni documenté !
Un écosystème en équilibre précaire
Le capelan est un maillon crucial dans la chaîne alimentaire marine, servant de proie à de nombreuses espèces, dont le phoque et divers oiseaux marins. La disparition ou la diminution de la population de capelans pourrait perturber l'équilibre de l'écosystème et provoquer un effet domino touchant les espèces dépendantes de ce petit poisson. Alors que ce banc ne représente qu'une fraction de la population totale, le réchauffement climatique pourrait exacerber ces phénomènes.
Avec la fonte des glaces de l'Arctique, ces poissons doivent nager plus loin pour trouver des sites de reproduction, les rendant ainsi plus vulnérables aux prédateurs. Les chercheurs mettent en garde : de tels événements de prédation à grande échelle pourraient devenir plus fréquents avec les changements climatiques, menaçant la stabilité des populations de capelans et, par conséquent, l'équilibre des écosystèmes marins.
Vers une gestion durable des ressources marines
La recherche ne s'arrête pas là. L'équipe envisage d'utiliser la technologie OAWRS pour étudier d'autres espèces marines dans les années à venir. Ces études visent à fournir des informations cruciales aux organismes de conservation pour prévenir l'effondrement de certaines populations de poissons. Grâce à la détection des points chauds où la prédation est la plus intense, des décisions stratégiques pourront être prises pour protéger non seulement les capelans, mais également la santé globale de l'écosystème marin.
Observer un tel événement offre des perspectives précieuses pour la gestion durable des écosystèmes marins. En combinant technologies avancées et impact des activités humaines, les chercheurs visent à développer des stratégies d'adaptation pour préserver l'équilibre fragile des mers dans un contexte climatique en mutation.