La question du réarmement de l'Europe face à la menace russe est sur toutes les lèvres. Alors que plusieurs pays européens augmentent leurs budgets de défense et leurs capacités de production d'armements, un haut dirigeant d'Airbus, un des principaux groupes d'armement en Europe, exhorte l'Allemagne à envisager l'acquisition d'armes nucléaires tactiques pour renforcer la dissuasion de l'Union européenne. Dans une interview accordée au quotidien allemand Handelsblatt, René Obermann, président du conseil de surveillance d'Airbus, a affirmé sans hésitation : « Oui, en coopération avec la France et les partenaires européens ».

Obermann a souligné que la Russie a déjà déployé des centaines d'ogives et de missiles balistiques de moyenne portée près de la Pologne, notamment à Kaliningrad, et que ces armes peuvent frapper l'Allemagne en quelques minutes. Bien que les armes nucléaires tactiques soient moins puissantes que leurs homologues stratégiques, elles peuvent infliger d'énormes dégâts sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés. Leur usage permettrait de donner une réponse graduée en cas d'attaque, agissant comme un avertissement ultime avant une escalade apocalyptique.

Le dirigeant d'Airbus semble convaincu que la Russie pourrait attaquer l'Europe dans un avenir proche, avançant même l'idée d'une possible offensive dès 2029, bien que cela pourrait arriver encore plus tôt. Face à ce danger imminent, il appelle à une action immédiate pour renforcer la dissuasion au niveau européen.

Une désignation européenne nécessaire

Obermann précise que l'Europe doit bénéficier d'une dissuasion dirigée par elle-même, intégrant des éléments tactiques. « Nous avons besoin d'un parapluie de protection commun, étayé par une gouvernance partagée », a-t-il déclaré. Toutefois, une telle révision de la doctrine de défense rencontre des résistances. Bien qu'Emmanuel Macron ait exprimé sa volonté d'ouvrir le débat sur l'élargissement de la dissuasion française à l'Europe, il a également affirmé que la France conserverait sa souveraineté en matière nucléaire, notamment en ce qui concerne la prise de décision.

Malgré ces défis, Obermann insiste sur l'urgence pour les gouvernements d'atteindre un consensus dans ce contexte de menaces croissantes. Il a également rappelé l'importance d'évaluer le rôle américain, qui maintient encore plusieurs armes nucléaires tactiques en Europe, principalement en Allemagne. Avec le retrait potentiel des États-Unis, la nécessité pour l'Europe de se doter de ses propres capacités nucléaires tactiques devient encore plus pressante.