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« Trump, Musk, Zuckerberg : la nouvelle “trinité” du pouvoir américain incarne le pire de l’Internet et relègue le meilleur aux oubliettes »

2025-01-18

Auteur: Jean

Il y a deux décennies, l'idée d'une connectivité humaine mondiale et d'un partage des connaissances semblait prometteuse. Les visions du philosophe Michel Serres, exprimées dans Le Monde en décembre 1996, annonçaient un nouveau départ pour le partage du savoir, tandis que Thomas Friedman, chroniqueur au New York Times, célébrait l'essor de l'intelligence globale. À cette époque, l'Internet était perçu comme un outil révolutionnaire similaire à celui de l'imprimerie au XVe siècle, censé favoriser la démocratisation de la connaissance et l'humanisme.

Cependant, cette vision utopique a rapidement été assombrie par l'émergence de figures puissantes comme Donald Trump, Elon Musk et Mark Zuckerberg. À la veille de l'investiture de Trump à la Maison Blanche, le 20 janvier 2017, ces trois hommes se sont unis pour former une nouvelle « trinité » du pouvoir américain. Ils représentent un tournant inquiétant dans l'utilisation de l'Internet, faisant triompher les tendances les plus sombres de ce qu'il peut offrir.

Profitant de leur position dominante acquise grâce aux réseaux sociaux, ils semblent vouloir imposer une idéologie fondée sur le rejet des valeurs de l'État de droit et sur un mépris pour les normes démocratiques. Ce qu'ils appellent la « libre expression » devient un prétexte pour légitimer la haine et la désinformation, tandis que les vérités alternatives envahissent le débat public. En France et ailleurs, des mouvements similaires émergent, où les partisans de la haine se réjouissent et où les appels à un État minimal gagnent du terrain.

Le tournant a été perceptible lors de la première élection de Trump en 2016, où la désinformation en ligne a été utilisée comme arme. La pandémie de Covid-19 a exacerbé le phénomène, transformant les fake news en véritables bombes à retardement pour la société. Les problèmes rencontrés montrent que la monétisation des données sur les réseaux sociaux a créé un environnement propice à la colère et à l'opposition, remettant en question l'intégrité de l'information.

Le rêve d'un Internet coopératif et accessible à tous semble désormais lointain, tandis que le modèle économique basé sur les algorithmes exploitant la division et le ressentiment prend le pas. La seule institution qui continue à incarner une forme de partage de connaissances valable est Wikipedia, qui reste un bastion de savoir autogéré face à la marée d'inexactitudes dont le paysage médiatique est saturé.