"Tous les pleins de saveurs" : le phénomène de l'apéro sans alcool, tendance incontournable à Noël
2024-12-28
Auteur: Jean
Si nous connaissons tous la bière sans alcool, qu'en est-il des alternatives pour le vin, le rhum et le champagne ? En France, la tendance du "sans alcool" prend de l'ampleur, notamment pendant les fêtes de Noël. Cette option moins calorique soulève également des interrogations sur le risque d'addiction.
"On observe un engouement croissant pour le sans-alcool en quelques semaines seulement", témoigne Ségolène, gérante de La Cave Parallèle à Aix-en-Provence. Cette boutique, entièrement dédiée à la vente de boissons sans alcool, a ouvert il y a trois mois et attire déjà une clientèle variée.
"En moyenne, nous recevons entre 20 et 40 clients par jour", ajoute-t-elle. De son côté, Laurent, responsable du V and B à Plan-de-Campagne, annonce qu'il envisage d'augmenter la taille de son rayon consacré au sans alcool, passant d'un mètre à deux d'ici l'année prochaine.
Le marché du sans alcool a considérablement évolué, avec de nombreuses marques de bière proposant désormais des versions sans alcool. Laurent explique qu'ils cherchent à diversifier leur gamme de produits, répondant à une demande grandissante.
D’après une étude de Santé Publique France parue en janvier 2023, la consommation d’alcool des Français a diminué de manière significative au cours des 30 dernières années. La proportion d’adultes affirmant consommer de l'alcool quotidiennement a été divisée par trois, et ce changement touche aussi bien les hommes que les femmes.
"Ce ne sont pas uniquement des femmes enceintes qui se tournent vers ces boissons", précise Ségolène. La clientèle est riche et diversifiée, allant de jeunes à des personnes âgées, avec une tranche d'âge comprenant des individus de 25 à 80 ans. Un fait marquant est l'influence de ces nouveaux produits sur les jeunes générations, qui les voient comme une alternative agréable.
"Je me souviens d’un client de 45 ans qui vient d'arrêter de consommer de l’alcool. C’est encourageant de constater ce changement de mentalité", ajoute Ségolène. Cependant, il semble que les personnes de plus de 70 ans demeurent sceptiques envers cette nouvelle tendance.
Une des raisons qui incitent de plus en plus de personnes à se pencher vers ces alternatives sans alcool est leur aspect gustatif. "Il y a tous les codes du vin, des arômes, des tanins, bien que la longueur en bouche soit différente", explique Ségolène. Les boissons sans alcool se rapprochent des saveurs des boissons traditionnelles tout en étant moins caloriques. Par exemple, un vin rouge classique peut contenir entre 80 et 100 calories, tandis qu'une version sans alcool n'atteint que 9 à 10 calories.
Dans sa boutique, Ségolène propose un large choix de bières, spiritueux et vins désalcoolisés, tous préparés de manière à conserver un maximum d’arômes. Contrairement aux premières, les vins désalcoolisés subissent un processus d’évaporation à basse température pour préserver leurs saveurs.
Cependant, l'essor de ces produits soulève des préoccupations concernant le risque d'initiation des plus jeunes à l'alcool. Nicolas Simon, addictologue à Marseille, affirme qu'il est essentiel de veiller à l'usage des produits sans alcool car ils pourraient conduire certains jeunes vers une consommation d'alcool à l’âge adulte.
Ségolène en est consciente et souligne qu'il est crucial d’informer les clients sur les taux d'alcool résiduels dans certaines boissons. En effet, jusqu'à 0,8 %, les effets d'ébriété ne sont pas ressentis.
Avec environ 5 millions de personnes en France souffrant d'une consommation excessive d’alcool, il est impératif de sensibiliser la population aux risques d'addiction, même avec des alternatives sans alcool. Les experts encouragent les consommateurs à être prudents concernant leur rapport à ces boissons et à se questionner sur leur usage. En effet, boire sans alcool pourrait être une manière de célébrer sans renoncer aux plaisirs festifs, tout en restant conscient des enjeux de la consommation d'alcool dans notre société.