Une famille face à un géant. Les parents de Théo, âgé de 17 ans, s'apprêtent à affronter la multinationale Bayer-Monsanto devant le tribunal de Vienne, en Isère, après des années de procédures judiciaires. Ils accusent le glyphosate, un herbicide tristement célèbre du groupe, d'être responsable des graves malformations à la naissance de leur fils. À l'approche de cette audience décisive, la famille Grataloup a accordé une interview exclusive à Franceinfo.

Sabine Grataloup se souvient avec horreur de l'été 2006, lorsqu'elle a utilisé du glyphosate pour désherber sa carrière d'équitation, sans savoir qu'elle était enceinte. Quelques mois plus tard, son fils naissait avec de sérieuses malformations à la trachée et à l'œsophage. "Quand Théo est né, cela a été un choc, se remémore-t-elle. Personne ne savait, c'était inattendu pour tout le monde. C'est même mon mari qui a remarqué que quelque chose n'allait pas quand il a réalisé que Théo avait des difficultés à respirer. Cela a été un véritable cauchemar. Six mois en réanimation et 55 opérations à son actif, c'est une vie de souffrances dès ses débuts."

Le début de la vie de Théo marque également le début du combat acharné de sa famille contre Bayer-Monsanto. "C'est du David contre Goliath", indique Sabine. Après 17 ans de luttes, ils se retrouvent enfin à l'audience. "Nous avons tellement travaillé pour arriver ici, c'est le fruit de nombreuses années de recherches, contacts scientifiques et de détermination", affirme-t-elle avec une lueur d'espoir.

Des experts du Fonds d'indemnisation des victimes des pesticides ont reconnu en 2022 un lien entre le glyphosate et les malformations de Théo, renforçant ainsi leur position devant la justice. Présent lors de l’audience, Théo ressent une appréhension manifeste : "C'est compliqué et je crains ce que l'opposition va dire, mais je dois garder espoir, pour moi et pour toutes les victimes de pesticides dans le monde."

Sa mère, admirant son courage, témoigne de la force et de la résilience de son fils face à ces difficultés. "Il a toujours su se battre, avec une maturité impressionnante qui transcende son jeune âge", déclare-t-elle fièrement.

Bien que la procédure judiciaire ait été longue et épuisante, Théo et sa mère sont déterminés à poursuivre leur combat : "Nous nous battrons jusqu'au bout", promettent-ils ensemble. Bayer, de son côté, a refusé de commenter avant l'audience. Ce procès pourrait non seulement changer leur vie, mais également ouvrir la voie à une meilleure compréhension des dangers liés aux pesticides et à leur impact sur la santé des générations futures.