Des déclarations récentes d'Aïcha al-Debs, présidente du tout nouveau Bureau des affaires de la Femme à Damas, ont provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux et parmi la société civile syrienne. Interrogée par la télévision turque TRT, al-Debs, seule femme au sein du gouvernement de transition, a exprimé des réserves sur l'intégration des organisations féministes, déclarant que seule celle qui soutiendra le « modèle » proposé par le gouvernement sera la bienvenue. "Je ne vais pas ouvrir le passage à quiconque n'est pas d'accord avec ma pensée", a-t-elle affirmé, ce qui a suscité un vif débat.

Elle a encouragé les femmes syriennes, que ce soit en exil ou sur le sol syrien, à "se rassembler autour d'une même table pour étudier le modèle" que la Syrie souhaite adopter pour promouvoir les droits des femmes. "Pourquoi adopter un modèle laïque ou civil ? Nous allons mettre en place un modèle propre à la société syrienne, et c'est la femme syrienne qui va le réaliser", a-t-elle insisté, en soulignant l'égalité des différentes communautés de femmes syriennes, qu'elles soient sunnites, druzes, alaouites ou chrétiennes.

Cependant, ses propos ont également pris une tournure controversée lorsqu'elle a exhorté les femmes à "ne pas outrepasser les priorités créées par Dieu", en faisant référence à leur rôle éducatif dans la famille. Ces commentaires ont été perçus comme un retour en arrière par de nombreuses femmes, incitant à des réactions vives sur les plateformes sociales. Une internaute, Batraa Abo Aljadayel, a exprimé son indignation sur Facebook, disant : "Tu peux parler de ta propre pensée dans ta maison, mais ne nous impose pas ta vision qui veut qu'on reste à la maison." De plus, l'actrice Aliaa al-Saïd a également dénoncé cette tendance, soulignant le combat des femmes syriennes pour la liberté d'expression au cours des années de conflit.

En réponse à cette agitation, le ministre des Affaires étrangères syrien, Assaad Hassan al-Chibani, a tenté de rassurer la population. Dans un message publié sur X, il a affirmé que les autorités accompagnent les femmes et soutiennent pleinement leurs droits. Il a précisé : "Nous croyons au rôle actif des femmes dans la société, et nous avons confiance en leurs capacités et compétences. La femme syrienne a lutté des années durant pour une patrie libre, préservant sa dignité et son statut." Cette prise de parole vise à atténuer les tensions et à réaffirmer l'engagement du gouvernement envers les droits des femmes, alors que la question de leur place au sein de la société syrienne continue de susciter des débats passionnés.