Nation

Suicide d'Evaëlle : la professeure jugée pour harcèlement maintient son innocence avant le procès

2025-03-09

Auteur: Marie

L'affaire tragique du suicide d'Evaëlle, une élève de 11 ans, survenu en juin 2019, atteint un tournant judiciaire avec le procès de son ancienne professeure, Pascale L., qui débutera ce lundi 10 mars au tribunal correctionnel de Pontoise. Accusée de harcèlement scolaire à l'égard de trois élèves, dont Evaëlle, elle pourrait écoper d'une peine de trois ans de prison et d'une amende de 45 000 euros. Peu avant la tenue de son procès, elle s'est exprimée dans les médias pour contester toute responsabilité dans le drame qui a particulièrement ému l'opinion publique.

Les événements remontent à la rentrée scolaire de 2018. Evaëlle était élève au collège Isabelle-Autissier d’Herblay-sur-Seine (Val-d’Oise) et bénéficiait d'un aménagement spécifique pour alléger son cartable, recommandé par son médecin. La substitution de cahiers par un classeur unique aurait engendré des tensions avec sa professeure de français. Plusieurs témoignages d'élèves du collège et de parents rapportent que Pascale L. aurait régulièrement tenu des remarques dévalorisantes à l'égard d'Evaëlle, l'appelant "nulle" et "folle", ce qui aurait, selon sa famille, aggravé son sentiment d'isolement au sein de l'établissement.

Malgré des alertes répétées aux autorités scolaires et un changement d'établissement en mars 2019, la jeune fille a continué à subir du harcèlement. Une altercation avec un camarade dans son nouveau collège a ravivé ses blessures, la conduisant tragiquement à se donner la mort par pendaison le 21 juin 2019. Pascale L., qui n'avait pas encore pris la parole, a accepté de répondre aux questions à la veille du procès. Elle a déclaré avoir été choquée par la nouvelle du suicide, la découvrant par texto d'une collègue, mais a nié toute responsabilité, affirmant n'avoir pas été informée de la détresse d'Evaëlle : "Absolument pas. Ni consciente ni informée."

En défense, elle insiste sur son droit à une liberté pédagogique, déclarant : "Je gère ma classe et ma pédagogie comme je l’entends. On a une liberté d’enseignement."

Des témoignages accablants de plusieurs élèves et parents dénoncent néanmoins un comportement harcelant de la professeure, qui ciblerait les élèves en difficulté. Un épisode marquant évoqué est survenu lors d'une séance de "vie de classe" en février 2019, où Evaëlle aurait été contrainte de parler devant ses camarades de son sentiment d’exclusion, un moment qu'elle a qualifié de "pire journée de sa vie". Pascale L. conteste cette version, affirmant qu’elle n’a pas encouragé la discussion et qu'elle a seulement réagi à des insultes entendues durant le cours.

Le procès soulèvera des questions cruciales concernant la reconnaissance d'un harcèlement scolaire possible orchestré par un enseignant, une situation rare en France. La justice a déjà exclu un lien direct entre le suicide d'Evaëlle et les actions de Pascale L., ce qui aurait pu entraîner une sanction plus sévère. Concernant son avenir professionnel, la professeure a exprimé des doutes, disant : "Quand une telle chose vous arrive, vous pensez vraiment pouvoir continuer à enseigner ?" Quand elle est interrogée sur la possibilité d'avoir commis une erreur dans ses pratiques, elle répond : "J'ai plus de trente ans d’expérience. Des erreurs, on en fait tous, mais je ne pense pas en avoir commise dans ce cas précis." Le procès aura lieu les 10 et 11 mars, marquant une étape importante dans cette affaire déchirante.