Sophie Binet met Marc Ferracci en garde : « Il n'est pas le ministre des licenciements »
2024-11-10
Auteur: Pierre
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a récemment exprimé son indignation face à la gestion des licenciements en chaîne dans le secteur industriel français. Alors que des entreprises comme Auchan annoncent des fermetures d'usines et des plans de licenciements, Binet s'est adressée directement au ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, lors d'une interview avec La Tribune, le 9 novembre. Elle a affirmé : « Le ministre semble penser qu’il n’est plus nécessaire de lutter : ‘Prenez le chèque et taisez-vous’. Il a clairement oublié qu'il n'est pas le ministre des licenciements, mais de l’industrie ! »
Binet a insisté sur le fait que les travailleurs ne cherchent pas simplement des indemnisations, mais qu'ils veulent défendre leurs emplois. Elle a décrit la situation des salariés qui, après des décennies de service, se voient annoncer la fermeture de leur site en quelques minutes comme « une violence sociale inacceptable ».
Le 8 novembre, Marc Ferracci a visité le site de Michelin à Cholet, juste après l'annonce de sa fermeture, mais il a été accueilli par une salle en colère qui l'a fortement hué, ce qui l’a contraint à quitter rapidement les lieux. Le lendemain, sur France Inter, Ferracci a exprimé des craintes concernant d'éventuelles nouvelles fermetures d'usines à venir, qui pourraient toucher « des milliers d’emplois », une déclaration qui n’a pas rassuré la CGT.
Sophie Binet a averti que le secteur industriel français est en proie à une « violente saignée », estimant qu’environ 150 000 emplois pourraient disparaître. Elle a tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences des plans de restructuration en cours, qui frôleraient les 200, selon son organisation. Ces licenciements pourraient également entraîner un effet domino chez les sous-traitants, aggravant ainsi la crise de l’emploi dans de nombreux secteurs.
Selon Binet, cette destruction d'emplois est systématique et résulte de la même stratégie de profit maximal des entreprises : « Les entreprises cherchent à toujours augmenter leurs marges tout en redistribuant des dividendes records à leurs actionnaires. » Dans le cas de Michelin, la fermeture des sites de Cholet et Vannes, qui emploient ensemble 1 254 salariés, a été récemment annoncée dans le cadre de la génération de fonds pour couvrir les coûts de capital, après des records de versement de dividendes.
La situation soulève des questions critiques sur l'avenir de l'industrie française et appelle à une action collective pour défendre les droits des travailleurs face à l'urgence croissante de la protection de l'emploi dans un climat économique incertain.